Petit retour à la case dialogue. Après l'échec retentissant du sommet américano-nord-coréen de Hanoi (lire aussi page 36), la Corée du Nord a tendu la main aux Etats-Unis en proposant, vendredi, de nouvelles discussions. Pyongyang en a surtout profité pour livrer sa version des faits sur la fin abrupte et sans accord de la rencontre Trump-Kim.
Une fois n'est pas coutume, le régime nord-coréen a convoqué une poignée de journalistes dans la nuit de jeudi à vendredi pour livrer sa vérité. Le ministre nord-coréen des Affaires étrangères, Ri Yong-ho, a fait savoir que le Nord n'avait demandé qu'un allégement «partiel» de la liste des onze résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies instaurées depuis 2006. Et non la totalité comme l'a dit Trump.
Ri a précisé que la Corée du Nord visait cinq textes adoptés en 2016 et 2017 qui représenteraient environ 90 % du volume des exportations du pays avant les sanctions. «La Corée du Nord ne souhaitait pas l'abrogation totale de tous les aspects des résolutions, mais un allégement secteur par secteur, avant que la question de ses capacités de production de combustible nucléaire à Yongbyon soient mises sur la table des négociations», selon l'analyse de l'expert Ankit Panda de la Fédération des scientifiques américains. Pyongyang a fait une «proposition réaliste», a estimé le ministre Ri Yong-ho, en offrant de fermer «de manière permanente et de démanteler complètement toutes ses infrastructures de production nucléaire dans la zone de Yongbyon en présence d'experts américains». Mais, vendredi, un haut responsable du département d'Etat américain, cité par l'AFP, a nuancé la version de Ri. La définition même du périmètre de Yongbyon, un complexe qui contient «plus de 300 infrastructures différentes», a posé problème à Hanoi. «Ce que les Nord-Coréens nous ont proposé, c'est de fermer une partie du complexe de Yongbyon.» Or les Américains voulaient vérifier la totalité de Yongbyon. Et visaient un autre lieu. «Il est possible que les Etats-Unis aient cherché à accéder au site d'enrichissement présumé de Kangson, avance Ankit Panda, l'une des deux usines d'enrichissement d'uranium secrètes de la Corée du Nord connues de la communauté du renseignement américain.»