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Libération

En liberté surveillée, Ghosn va pouvoir peaufiner sa défense

publié le 6 mars 2019 à 20h46

Une sortie réglée au millimètre. Après le paiement d’une caution de 7,9 millions d’euros, Carlos Ghosn a quitté mercredi le centre de détention de Kosuge, à Tokyo, direction une résidence placée sous haute surveillance. Le nouvel avocat de Carlos Ghosn, Junichiro Hironaka, a tenu à fournir le maximum de garanties à la justice japonaise en échange de cette libération conditionnelle. D’autant que l’accusation a ferraillé jusqu’au dernier moment pour le maintien de Ghosn en détention. Le parquet a en effet fait appel de la décision de mise en liberté, avant de voir sa requête rejetée.

Durant cette liberté relative, l’ex-PDG de Renault-Nissan va vraisemblablement travailler sa riposte aux trois chefs d’accusation qui le visent : la non-déclaration d’une partie de ses revenus perçus entre 2011 et 2015 (pour un montant estimé de 35 millions d’euros), la compensation, par Nissan, de pertes personnelles après la crise financière de 2008 et l’achat et l’aménagement de deux résidences à Rio et à Beyrouth par une filiale de Nissan.

Sa stratégie de défense pourrait consister à pointer le fait que la déclaration de ses revenus n'a rien dissimulé dans la mesure où il s'agissait de revenus différés, c'est-à-dire versés plusieurs années après que leur principe et leur montant en avaient été acquis. Quant à l'aménagement coûteux des appartements, son avocat parisien Jean-Yves Le Borgne estime qu'il s'agit «de résidences mises à disposition du dirigeant». La défense de Carlos Ghosn devrait également revenir sur la thèse du complot ourdi par Nissan puisque les éléments nécessaires à sa mise en cause ont été fournis à la justice directement par la firme.

Enfin, les conditions et la durée de détention dont il a fait l’objet constituent également un axe de défense. L’objectif est, pour ses défenseurs, d’arriver au procès qui se tiendra dans quelques mois avec le maximum d’éléments de contre-offensive. Notamment ceux de nature à démontrer que leur client est tombé dans un traquenard, tendu par ceux-là mêmes qui ont validé les revenus et les dépenses qui sont aujourd’hui reprochés à Carlos Ghosn.