Katerina Andreou est danseuse et chorégraphe. Enfant, elle passait ses étés dans la maison où avait grandi son père, dans les montagnes grecques. Une maison avec un sol en terre, où il fallait tous les jours partir nombreux pour puiser de l’eau, loin en contrebas. Son père est devenu avocat, il a intégré la classe moyenne, et la Grèce a intégré l’Europe. Puis il y a eu la crise de 2009. Et ce qui a été le plus dur peut-être, c’est le retour en deux générations, à l’impossibilité de se projeter dans l’avenir.
«J’étais en Grèce quand les banques ont fait le "capital control" : les gens ne pouvaient pas retirer plus de 300 euros par mois. Je me rappelle que même ma famille avait beaucoup de mal. Et ce n’était plus la question de savoir s’ils avaient de l’argent ou pas, mais c’était comme si leur argent ne leur appartenait plus ! C’est allé hyper vite cette histoire, surtout pour la génération de mes parents. «Ils ont vécu dans une immense pauvreté, mon père par exemple a grandi dans une maison sans électricité, sans eau. Puis ils ont connu cette croissance incroyable niveau savoir, éducation, carrière, argent. Comme si d’un coup, on pouvait tout avoir si on le voulait, si on travaillait beaucoup. Mais mes deux parents ont vécu aussi la descente. Avec le "capital control", mon père tout à coup se retrouvait, à l’âge de 62 ans, à devoir faire la queue à la banque dans une file immense pour retirer 60 euros par semaine, pour pouvoir acheter ses médicaments. La banque était devenue leur parent et mes parents devenus les enfants.»
Le récit de Katerina Andreou est à retrouver sur le site de l'émission Foule continentale sur Franceinter.fr.
Foule continentale, le dimanche, à 13h20.