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Libération

Allemagne : «AKK» envoie valser Macron sur l’Europe

publié le 11 mars 2019 à 20h36

Après de longs mois de silences embarrassés et de demi-promesses, le discours de la Sorbonne, la rencontre de Meseberg, la signature du traité d’Aix-la-Chapelle et surtout sa lettre aux Européens du 4 mars, Emmanuel Macron obtient enfin une réponse concernant l’Europe en provenance de l’Allemagne. Une réponse qui n’émane pas de la chancelière mais de son camp politique, celui des conservateurs de la CDU. Dans un texte publié ce week-end intitulé «Faisons l’Europe comme il faut», Annegret Kramp-Karrenbauer, qui a succédé en décembre à Angela Merkel à la tête de la CDU et qui pourrait aussi prendre sa place à la chancellerie, répond aux suggestions du président français.

Pour «AKK», face aux enjeux du moment, il incombe avant tout de «préserver les fondements de notre prospérité», ce que le journal de gauche Die Tageszeitung traduit comme «la prospérité allemande, pas celle de l'Europe». Le nerf de la guerre, c'est-à-dire la mutualisation des dettes voulue par Macron et honnie par toute la droite allemande (des libéraux à la CSU), fait ici l'objet d'une prise de position limpide, tout comme l'idée de «bouclier social», formulée par le président français dans son adresse aux Européens : «Nous devons miser sans ambages sur un système reposant sur la subsidiarité, la responsabilité individuelle […]. Le centralisme européen, l'étatisme européen, la communautarisation des dettes, l'européanisation des systèmes de protection sociale et du salaire minimum seraient la mauvaise voie», écrit-elle.

Pour le reste, il fut relevé que sa critique du «centralisme européen» relève d'une rhétorique que ne renierait pas l'AfD, le parti d'extrême droite. Seule la politique migratoire européenne fait l'objet d'une sorte de consensus. Cette lettre intervient dans un contexte politique troublé en Allemagne. La «Groko» au pouvoir n'en finit plus de montrer ses fragilités. Dans son camp politique, on commence à réclamer à haute voix le départ anticipé d'Angela Merkel au profit d'AKK. Reste un détail, et pas des moindres : selon un sondage paru lundi, 67 % des personnes interrogées souhaitent que la chancelière reste jusqu'à la fin de son mandat, en 2021.