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Tuerie de Christchurch : Brenton Tarrent, itinéraire d’un «Blanc ordinaire»

Imprégné des thèses de l’alt-right américaine, marqué par son séjour en Europe, le tueur de Christchurch semble basculer en 2011.
Brenton Tarrent. Extrait du Live Facebook de vendredi, juste avant qu'il n'entre dans l'une des deux mosquées visées. (Photo Handout. AFP)
publié le 15 mars 2019 à 20h36

Dans le manifeste qu’il a laissé sur Internet, se dessinent la personnalité et la vie de Brenton Tarrent (ou du moins ce qu’il veut bien en montrer). Australien, l’homme à l’origine du carnage de Christchurch est né et a passé son enfance dans la ville de Grafton, dans l’est de l’Australie, sur les rives du fleuve Clarence.

Au fil des 74 pages décousues où les éléments biographiques se mêlent à des considérations théoriques désordonnées et à des références cryptiques, il se définit comme «un homme blanc, ordinaire, de 28 ans» provenant «d'une famille de la classe ouvrière avec de bas revenus».

«Bénédiction» de Breivik

Il raconte avoir été peu impliqué à l'école, obtenant «à peine les notes minimales pour passer» et ne pas être allé à l'université. Selon différents journaux australiens, son père (connu pour ses performances sportives) serait mort du cancer en 2010 à 49 ans et sa mère serait professeure d'anglais. L'homme, qui mentionne des «origines écossaises, irlandaises et anglaises», résume froidement : «Je suis juste un homme blanc ordinaire, d'une famille ordinaire.» Phrase laconique qui le rapproche d'autres auteurs d'attaques terroristes. Notamment d'Anders Behring Breivik, l'activiste d'extrême droite qui avait tué 77 personnes en Norvège le 22 juillet 2011 et dont Brendon Tarrent dit avoir reçu «la bénédiction», s ans que l'on sache s'il a pu être en contact avec lui… Tous des hommes blancs imbibés de la rhétorique raciste de l'alt-right américaine, diffusant une vision fantasmée de la race et présentant les minorités comme un danger du fait de leurs supposés taux de fertilité.

Passage en France

Brenton Tarrent affirme avoir gagné de l'argent en investissant dans des monnaies en ligne similaires au Bitcoin. Assez pour avoir pu voyager autour du monde à partir de 2011. Comme le rapporte le site ABC, il aurait auparavant travaillé comme entraîneur sportif personnel dans un club de gym de Grafton de 2009 à 2011. Sans que rien ne laisse présager son fascisme et sa tendance à la violence : des témoins l'ayant connu à l'époque rapportent surtout sa motivation et son implication sans faille dans «l'exercice physique». Il aurait ensuite beaucoup voyagé, en Europe et en Asie, avant de s'installer en Nouvelle-Zélande.

Il raconte surtout un voyage en Europe de l'Ouest au printemps 2017 lors duquel il a été très marqué par l'attentat à la voiture bélier du 7 avril à Stockholm : la mort de la jeune Suédoise de 11 ans Ebba Akerlund l'aurait poussé à «se venger» du terrorisme islamique.

Quand il raconte sa radicalisation, Tarrent fait une grande place à son passage en France et à «l'invasion» qu'il y aurait constaté. Revenu en Nouvelle-Zélande pour s'entraîner (le pays n'était pas sa première cible selon lui), il aurait passé deux ans à préparer son attaque, avant de décider d'attaquer des mosquées il y a trois mois. Dans ce récit, subsistent néanmoins de nombreuses inconnues sur la radicalisation progressive et les activités réelles du tueur présumé.