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Foule continentale

«Le chômage me terrorisait alors que j’avais tout à fait les moyens d’y faire face»

L'Europe: un esprit de résistancedossier
Europe fin de soirée ? Après le Brexit, les votes europhobes, et en amont du scrutin de mai, comment parler de ce continent en commun ? Sur France Inter, Caroline Gillet fait témoigner la jeunesse.
(Illustration Caroline Gillet)
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publié le 17 mars 2019 à 19h46

Aline Fares était banquière au Luxembourg pendant la crise de 2008, elle dit que sa prise de conscience des problèmes de la financiarisation du monde n'a pas été soudaine, plutôt le résultat d'une suite de petites fissures. Après un passage à l'ONG Finance Watch, elle a créé le «laboratoire sauvage» Désorceler la finance. Avec des cérémonies, des jeux de tarots, elle veut redonner aux citoyens les clés du monde bancaire et nous «désenvoûter de la finance».

«Ado, je rêvais d'aller à Paris et mes parents m'ont dit : "Comme tu es bonne à l'école, fais une école de commerce, ça mène à tout." En sortant d'HEC, je suis allée travailler, pour des raisons personnelles, au Luxembourg. Et là-bas, il n'y a pas grand-chose à part des entreprises proches du système financier. Donc je suis rentrée dans la première banque que j'ai trouvée, qui était Dexia. J'y suis restée dix ans, malgré les deux faillites de 2008 et 2011. En confrontant ma position avec certaines lectures, des expositions, le travail d'investigation d'Eva Joly… J'ai commencé à me remettre en question. Et une fois qu'on a mis un petit peu la main dedans, on tire le fil et on commence à comprendre notamment l'importance des paradis fiscaux dans la dépossession de millions de gens. Je suivais une trajectoire valorisée socialement depuis mon bac, et le chômage, par exemple, me terrorisait alors que j'avais tout à fait les moyens d'y faire face pendant un an. Ça prend du temps de s'autosaisir pour quitter un environnement, un salaire et une position sociale confortables.»

Le récit d'Aline Fares est à retrouver en podcast ou sur le site de l'émission Foule continentale sur FranceInter.fr.

Foule continentale, le dimanche, à 13 h 20.

Culture, idéal européen, jeunesse, démocratie, littérature... Libération organise deux journées de débats à Strasbourg, les 17 et 18 mai, avec des écrivains, philosophes et artistes. Les inscriptions (entrée gratuite) sont d’ores et déjà ouvertes, c’est ici.