Auteur de
l’Algérie, un pays empêché [en 100 questions],
à paraître le 4 avril (éd. Taillandier), Akram Belkaïd explore les scénarios de «l’après».
La transition a-t-elle déjà débuté ?
Certes, le chef d’état-major, Gaïd Salah, a appelé au déclenchement de l’article 102, qui permettrait de déclarer le Président inapte, mais le Conseil constitutionnel, seule institution à pouvoir prendre cette décision, ne s’est toujours pas réuni… Une grande partie de la population refuse d’ailleurs ce scénario. Moi-même, je pense que l’article 102 est piégé. Nous avons vu, en 1988, ce que donnerait une transition gérée par le pouvoir. Quatre ans plus tard, le pays basculait dans la guerre civile.
Quelle serait l’alternative ?
Je plaide pour une transition étirée dans le temps. Le champ politique a été tellement verrouillé depuis trente ans que si des élections étaient organisées dans trois mois, on aurait un clone de Bouteflika. Depuis six semaines, on voit des jeunes qu’on disait désabusés débattre, se passionner pour la Constitution, etc. Des mouvements vont émerger de toute cette ébullition.
Comment concilier ce temps long avec l’impatience de la rue ?
Il faut d’abord un acte de rupture. La dissolution du Parlement, par exemple, et la nomination d’un gouvernement de transition, d’unité nationale. Ceci permettrait d’amener le calme dans la rue, tout en envisageant sereinement l’élection d’une Assemblée constituante ou l’organisation d’une compétition électorale juste et équilibrée. Une chose est sûre : le système est incapable de se réformer lui-même.