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Libération
Interview

Gilles Boquérat : «En détruisant un satellite, l’Inde affirme sa puissance militaire»

publié le 28 mars 2019 à 21h26

L’Inde a annoncé mercredi avoir réussi un tir de missile d’entraînement sur un de ses satellites en orbite basse. Ce qui lui permet de rejoindre la Chine, les Etats-Unis et la Russie dans le cercle des pays ayant la capacité à détruire un satellite en orbite - manœuvre critiquée car elle génère des débris dans l’espace. Gilles Boquérat, de la Fondation pour la recherche stratégique, replace l’annonce dans le contexte géopolitique.

Ce tir est-il une prouesse technologique ?

Selon les Indiens, même s’il ne s’agit que d’un satellite en orbite à 300 km de la Terre, la technologie leur permettrait de faire aussi bien que les Chinois, qui avaient atteint un satellite à 800 kilomètres d’altitude en 2007. Cela permet aussi de rappeler que l’Inde, qui a lancé son programme de recherche spatiale en 1969 et possède deux lanceurs, a une réelle capacité spatiale.

Cette annonce en pleine campagne a-t-elle une visée électorale ?

Bien sûr, en vue des élections qui se tiendront du 11 avril au 19 mai. Dans la lancée de l’attentat de Pulwama, au Cachemire, en février, il s’agit une nouvelle fois de faire vibrer la fibre nationaliste que représente le BJP au pouvoir, à l’inverse de son rival, le Parti du congrès. Là, il n’est pas certain que le vote de l’Indien moyen soit déterminé par la capacité de son pays à abattre des satellites. Plus globalement, le Premier ministre veut imposer sa vision d’une Inde forte, qui affirme sa puissance militaire. Le signal envoyé à la communauté internationale est que le pays assume un statut de puissance régionale et globale.