Abdelaziz Bouteflika avait un rêve : mourir au pouvoir comme son ami et mentor, Houari Boumédiène. S’écrouler sur la scène comme Molière : une vanité de comédien qui sied bien à cet homme qui fut le diplomate virevoltant des années glorieuses de l’Algérie indépendante avant d’en devenir le septième président, en 1999, et finalement d’incarner physiquement, ces dernières années, la décrépitude d’un Etat sclérosé. Il est mort deux ans après avoir quitté le pouvoir, chassé en 2019 par des semaines de contestation populaire.
Première mission
Ses yeux bleus auront alternativement scruté, charmé, grondé et maté le peuple algérien pendant plus de six décennies. Le dernier représentant de la génération des combattants de l’indépendance est né le 2 mars 1937 à Oujda, au Maroc. Le lieu a de l’importance. Il a donné son nom à un groupe d’officiers du Front de libération national (FLN) - le «clan d’Oujda» - qui va dominer la vie politico-militaire algérienne pendant de longues années. Dans cette ville de l’Est marocain, vivent à l’époque des milliers d’Algériens originaires de Tlemcen, à une cinquantaine de kilomètres de l’autre côté de la frontière. C’est le cas d’Ahmed Bouteflika, père d’Abdelaziz, commerçant au marché d’Oujda qui mourra en 1958, quatre ans avant l’indépendance. Sa mère travaillait au hammam de la ville.
C’est un lycéen brillant, parlant parfaitement le français, jouant au poste d’arrière gauche dans son