Des larmes, une démission, des insultes et des postérieurs nus collés à une vitre : une fois de plus, le Parlement britannique a offert lundi un spectacle extraordinaire de désordre, d'indécision et de division. Après un long débat interrompu par une douzaine d'activistes pour le climat, membres d'Extinction Rebellion, qui se sont dénudés dans la galerie du public de la Chambre des communes, les députés ont encore rejeté toutes les options qui leur étaient proposées au vote pour tenter de sortir de l'impasse du Brexit. Aucun des quatre scénarios n'a remporté une majorité de voix. Les parlementaires ont rejeté par seulement trois voix (273 contre 276) la proposition d'envisager une union douanière avec l'UE après le Brexit. L'option qui a remporté le plus de votes (280) était l'éventualité d'organiser un nouveau référendum. Mais 292 députés ont voté contre. Celle de révoquer l'article 50 a également été rejetée (191 contre 292) ainsi que la motion suggérant une participation au marché commun (261 contre 282).
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Ces votes n’étaient que consultatifs. Si un scénario s’était dessiné clairement, Theresa May aurait pu demander à Bruxelles de l’ajouter à la déclaration politique qui accompagne l’accord de retrait, et aurait pu ainsi envisager de faire adopter l’accord pour permettre un Brexit organisé.
Démission
La voix brisée, Nick Boles, le député conservateur qui avait déposé la motion sur le marché commun, s'est levé juste après le vote et, les yeux pleins de larmes, a annoncé sa démission du parti tory puisque les «députés de mon parti sont incapables d'accepter le moindre compromis». Des cris «oh non Nick, non, ne fais pas ça» ont jailli des rangs des conservateurs pétrifiés de surprise. Très respecté, Nick Boles était l'un des artisans de la modernisation du parti conservateur entamée sous David Cameron et quelque peu freinée ou oubliée dans la tourmente du Brexit. Mais il avait raison, la plupart des députés conservateurs ont voté contre toutes les options. Seuls dix d'entre eux ont ainsi soutenu la révocation de l'article 50 et donc l'annulation du Brexit.
Ces votes non conclusifs, associés au rejet vendredi dernier – pour la troisième fois – de l'accord de retrait conclu avec l'UE, rendent de plus en plus tangible la perspective d'une sortie sans accord le 12 avril prochain, pourtant seule option rejetée par l'immense majorité du Parlement. Mais, sans accord et à moins que Theresa May ne sorte une solution miracle de ses souliers colorés, un «no deal» est toujours la solution par défaut.
A l’usure
Ce mardi matin, les membres du cabinet ont été convoqués entre 8 heures et 9 heures à Downing Street pour une réunion qui pourrait durer plus de cinq heures. Tous les scénarios de sortie de crise seront envisagés, y compris l'idée d'organiser des élections anticipées. Mais, le ministre au Brexit Stephen Barclay l'a laissé entendre lundi soir, il n'est pas exclu que la Première ministre tente une dernière fois de faire adopter son accord. Vendredi dernier, il lui a manqué 58 voix. Son calcul pourrait être de pousser à bout des députés excédés et épuisés pour les forcer à lâcher le morceau par lassitude et pour éviter la catastrophe d'une sortie sans accord. Le pari est cependant risqué. Mais lundi soir, son ministre de la Santé, Matt Hancock, tweetait un message presque suppliant : «Maintenant, s'il vous plaît, est-ce qu'on pourrait tous voter pour l'accord et boucler le Brexit ?»