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Diplomatie

Tsípras en Macédoine du Nord, une visite symbole après vingt-sept ans de tensions

La venue du Premier ministre grec dans l'ancienne république yougoslave de Macédoine met fin à une longue querelle.
Le Premier ministre macédonien Zoran Zaev et son homologue grec Aléxis Tsípras mardi à Skopje. (Photo Robert Atanasovski. AFP)
par Matilde Meslin, (avec AFP)
publié le 2 avril 2019 à 15h53

Un selfie historique pour signifier la réconciliation de leurs deux pays : Aléxis Tsípras, Premier ministre grec, et Zoran Zaev, son homologue macédonien, se sont photographiés ce mardi matin devant la résidence du Premier ministre macédonien. Une photo qui illustre la réconciliation des deux pays, après vingt-ans années de querelles diplomatiques autour du nom de «Macédoine».

Il s'agit de la première visite officielle d'un chef d'Etat grec en République de Macédoine du Nord. Zoran Zaev a tweeté qu'il accueillait son «ami et collègue» Aléxis Tsípras, en ce «jour historique». Ce dernier a salué un «nouvel avenir» des «partenaires et alliés». 

Après le rétablissement des liaisons aériennes Athènes-Skopje en novembre 2018, après douze ans d'interruption, ce sont désormais des liaisons économiques que les deux gouvernements souhaitent mettre en place. Aléxis Tsípras s'est d'ailleurs rendu à Skopje accompagné de dix ministres et de dizaines d'hommes d'affaires des secteurs agroalimentaire, de l'énergie et des infrastructures. Zoran Zaev a, de son côté, assuré que son pays allait récolter «d'immenses bénéfices économiques» de l'accord : des entreprises grecques ont déjà promis d'investir plus de «500 millions d'euros» dans l'énergie, notamment dans le secteur de centrales au gaz et de l'énergie solaire.

Macédoine, j’écris ton nom

Depuis 1991, la crispation autour du nom «Macédoine» entre Grecs et Macédoniens n’avait cessé d’être alimentée par des événements divers, comme le choix du nom de l’aéroport de Skopje, appelé «Alexandre le Grand» puis débaptisé en 2018 pour apaiser les nationalistes grecs.

Athènes revendiquait l’usage exclusif du nom Macédoine pour sa province située au nord de son territoire, depuis la proclamation par la République de Macédoine de son indépendance en 1991. Pour les Grecs, le terme Macédoine appartient à leur patrimoine historique.

L'accord de Prespa (du nom d'un lac situé à la frontière entre les deux pays), imaginé par les deux gouvernements et signé en juin 2018, a été approuvé par les deux parlements. La Macédoine a alors pris officiellement le nom de «République de Macédoine du Nord», débloquant la situation diplomatique entre les deux pays. En signe de détente, la Grèce a mis fin à son véto à l'adhésion de la Macédoine du Nord à l'Otan et à son rapprochement de l'Union européenne.

Mais tout n’est pas gagné pour les deux Premiers ministres : les nationalistes grecs et macédoniens estiment chacun de leur côté que trop de concessions ont été faites envers l’autre pays. Le président macédonien, Gjorge Ivanov, proche de l’opposition de droite, refuse toujours symboliquement de parapher les lois adoptées par le parlement depuis le changement de nom.

Du côté de la communauté internationale, le rapprochement des deux pays est vu d’un bon œil. Les noms de Tsípras et de Zaev ont d’ailleurs été proposés en décembre pour le prix Nobel de la paix, par la co-lauréate tunisienne de 2015, Wided Bouchamaoui.