«Ces toilettes peuvent être utilisées peu importe l'identité ou l'expression de genre de la personne.» A La Valette, la capitale maltaise, voici le genre d'écriteaux, accompagnés d'un pictogramme inclusif, sur lesquels les touristes peuvent tomber dans le musée national d'archéologie. Car depuis 2016, les bâtiments gouvernementaux, comme les ministères, le Parlement ou les tribunaux mais aussi l'université de Malte, sont dans l'obligation de mettre à disposition des toilettes neutres, c'est-à-dire accessibles à tout le monde (y compris aux personnes handicapées).
Souhaitée par les associations LGBT locales, cette mesure est la suite logique de l’adoption, l’année précédente, d’une loi pionnière pour la reconnaissance des personnes trans dans l’Union européenne. A l’instar de l’Irlande, terre aussi profondément catholique que l’archipel méditerranéen, du Portugal ou du Danemark, Malte est l’un des rares pays européen à autoriser sans conditions les hommes et femmes trans à changer librement la mention du sexe sur leurs documents d’identité grâce à une simple déclaration devant un notaire. Et pour les personnes qui ne souhaitent voir figurer aucune mention de leur genre, la loi maltaise va même plus loin, en laissant la possibilité à ses administrés d’être désignés par la lettre «X».
Officier
Le modèle commun à toutes ces législations émancipatrices pour les trans se trouve dans l'autre hémisphère, en Argentine, une nation précurseure en la matière, désormais imitée par la Colombie, le Chili et l'Uruguay. En 2012, les parlementaires argentins ont en effet été les premiers à adopter à la quasi-unanimité une loi autorisant les personnes trans majeures à se procurer, en vertu du principe d'autodétermination, des papiers en adéquation avec leur genre après un simple passage devant l'officier d'état civil. En six ans, la «ley de identidad de genero» (loi sur l'identité de genre) a d'ailleurs bénéficié à près de 7 000 trans latinos, améliorant l'accès à la santé d'une population marginalisée et souvent reléguée à la prostitution. Mais les discriminations, à l'embauche ou à l'école, persistent dans un pays où la dizaine de meurtres par an de femmes trans s'ajoute à la longue liste des féminicides dénoncés par le mouvement féministe #NiUnaMenos («Pas une de moins»).
JT
«L'appareil législatif est un bouclier : dans les grandes villes, comme Buenos Aires, cela a amélioré une partie des conditions de vie comme l'accès à la santé ou à l'emploi, observe la sociologue trans Karine Espineira, de l'Observatoire des transidentités (ODT). Mais dès qu'on s'éloigne des grands centres urbains, il y a du rejet et de la violence. Il n'y a pas de paradis pour les trans.»
En Asie, le Pakistan a néanmoins fait un grand pas. L’an passé, le géant musulman, où une femme trans, Marvia Malik, présente même le JT sur une télé privée, a adopté un texte proscrivant toute forme de discriminations à l’égard de ses citoyens trans et réaffirme leur droit de vote et d’éligibilité aux élections, dix ans après avoir officiellement reconnu un troisième genre. Très progressiste dans un pays où l’homosexualité, elle, reste illégale.