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Libération

Mobilisation historique à Khartoum pour demander le départ d’El-Béchir

Dimanche à Khartoum. (Photo AFP)
publié le 8 avril 2019 à 21h06

L’armée soudanaise a été déployée lundi matin à Khartoum alors que des milliers de personnes réclamaient la démission d’Omar el-Béchir devant le quartier général de l’armée. Les militaires seraient intervenus pour protéger les manifestants de la police antiémeute : plusieurs témoins affirment en effet avoir été dispersés à coups de gaz lacrymogène par les services de sécurité, qui chargeaient sur la foule avec des pick-up.

Des dizaines de milliers de Soudanais sont mobilisés depuis samedi pour demander le départ d’El-Béchir, arrivé au pouvoir en 1989 après un coup d’Etat. Le militaire, qui avait fait interdire tous les partis et instauré la charia, est poursuivi pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocides par la Cour pénale internationale (CPI) pour son implication dans les massacres au Darfour en 2003, qui ont fait plus de 300 000 victimes.

Cette mobilisation est le dernier épisode en date d’une contestation remontant à l’annonce, le 19 décembre, de la hausse du prix du pain, multiplié par trois. Une inflation qui s’inscrit dans une crise économique, déclenchée entre autres par les sanctions américaines et les pertes de revenus pétroliers depuis l’indépendance du Soudan du Sud, où se trouvaient les trois quarts des réserves du pays, en 2011. Depuis le début du mouvement, le bilan officiel fait état de 31 morts. L’ONG Human Rights Watch dénombre quant à elle 51 victimes. Le groupe à la tête de la contestation, avocats et professionnels de la santé pour la plupart, a appelé à l’ouverture de négociations directes avec l’armée pour former un gouvernement de transition.

Le sit-in de samedi a été le plus gros rassemblement qu’a connu le Soudan en trente ans de présidence El-Béchir. La date, le 6 avril, correspond à l’anniversaire de la révolte de 1985, qui avait permis de renverser le régime de Gaafar Nimeiry, chef de la junte militaire. D’après le ministre de l’Intérieur, Bishara Jumaa, 7 personnes ont été tuées pendant les rassemblements du week-end et 2 496 manifestants ont été arrêtés dans la capitale.