Il n'y a jamais eu aussi peu de peines capitales appliquées dans le monde en dix ans. C'est ce que relève le rapport 2018 d'Amnesty International. 690 exécutions ont été recensées par l'ONG, soit une baisse de 31% par rapport à 2017. Celle-ci serait essentiellement due au recul de ce châtiment dans des Etats responsables de la majorité des exécutions, comme en Iran, où les modifications de la législation sur les stupéfiants ont fait chuter de moitié le nombre de peines exécutées. Au Pakistan, ce chiffre a baissé d'environ un tiers; en Somalie, il a été divisé par deux.
Au total, l'organisation de défense des droits humains a recensé des exécutions dans 20 pays, par décapitation (Arabie Saoudite), électrocution (Etats-Unis), pendaison (Afghanistan, Japon, Singapour), injection létale (Chine, Etats-Unis, Thaïlande) ou arme à feu (Corée du Nord, Yémen). C'est trois de moins qu'en 2017 et 11 de moins qu'il y a 20 ans.
Exécutions publiques, condamnations de mineurs, civils jugés par des tribunaux militaires: en 2018, la peine de mort était toujours pratiquée dans des conditions qui violent le droit international. La torture est également utilisée pour obtenir des «aveux» dans plusieurs pays, tout comme la prononciation de peines en l'absence de l'accusé.
«Résolument en recul»
Comme les années précédentes, Amnesty International n'a reçu aucune information faisant état d'exécutions judiciaires par lapidation en 2018. En Iran, la peine capitale était toujours maintenue pour certaines relations homosexuelles et pour «outrage au prophète».
Malgré ces chiffres, l'organisation estime que la peine de mort est «résolument en recul» dans le monde. Le Burkina Faso a ainsi adopté un nouveau code pénal excluant ce châtiment, tandis que la Gambie et la Malaisie ont déclaré un moratoire officiel sur les exécutions. Aux Etats-Unis, la loi relative à la peine maximale dans l'Etat de Washington a été déclarée inconstitutionnelle, la Cour suprême jugeant qu'elle y était «pratiquée de manière arbitraire et basée sur des préjugés raciaux.»
Mais ces diminutions restent à nuancer. Les chiffres réels seraient considérablement plus élevés pour certains pays qui «dissimulent sciemment les procédures judiciaires liées à la peine de mort», ne comptabilisent pas leur nombre ou ne les communiquent pas. L'organisation vise en particulier la Chine, qui aurait, comme les années précédentes, «condamné et mis à mort des milliers de personnes, restant en tête du classement mondial en termes de nombre d'exécutions». Amnesty International a exhorté Pékin à faire preuve de transparence et à rendre publiques l'ensemble des informations relatives à l'usage de la peine capitale, dont les statistiques sont toujours classées secret d'Etat. L'ONG n'a également pas pu obtenir les chiffres des exécutions judiciaires en Syrie, en raison du conflit armé. A la connaissance de l'organisation, fin 2018, au moins 19 336 personnes à travers le monde se trouvaient toujours dans les couloirs de la mort.