Le dénouement d’une triste histoire. Jeudi, un ancien militaire, identifié comme Miroslav Marcek par des médias slovaques, a avoué le meurtre du journaliste Ján Kuciak et de sa fiancée Martina Kusnírová. Les faits en question remontent à février 2018, lorsque les corps des jeunes gens, tous deux âgés de 27 ans, sont retrouvés à leur domicile.
Pour beaucoup, la piste des représailles semble alors évidente. Ján Kuciak travaillait sur les liens présumés entre des hommes politiques slovaques et la mafia italienne ainsi que sur des fraudes autour des fonds agricoles européens. Pourtant, la police ne privilégie au départ aucune théorie et l’enquête reste au point mort pendant des mois. Mais, en septembre, les autorités annoncent avoir identifié un potentiel témoin et dans les jours qui suivent des arrestations sont faites. Les suspects sont identifiés grâce à des photos prises par un satellite américain qui survolait le lieu au moment du crime. Quatre personnes sont arrêtées et inculpées pour le double meurtre.
Parmi elles, Marian Kocner, propriétaire de sociétés immobilières qui avait menacé le journaliste un an avant son meurtre, et Miroslav Marcek. Kocner serait le commanditaire, Marcek l’exécutant. Les aveux de ce dernier pourraient permettre d’établir le déroulement exact du meurtre et de retrouver l’arme du crime.
Depuis le début, cette affaire bouleverse la Slovaquie. Le 9 mars 2018, des dizaines de milliers de personnes manifestent à Bratislava pour défendre la liberté de la presse et dénoncer la corruption et le manque de réaction des autorités face au meurtre. Une mobilisation inédite depuis 1989 et la chute du régime communiste.
Si les réactions politiques sont peu nombreuses à la découverte des corps, la mise en ligne à titre posthume de l'enquête de Kuciak change la donne. Plusieurs hauts responsables y sont mis en cause. Avec à la clé la démission, en mars 2018, du chef de la police, du ministre de l'Intérieur, puis du Premier ministre, qui avait taxé les journalistes de «prostitués antislovaques».
Enfin le 30 mars, la Slovaquie élit Zuzana Caputová comme Présidente. Un poste honorifique mais un geste symbolique : cette avocate de 45 ans étant une militante anticorruption et une opposante au gouvernement sortant.