Commencer par la brutalité des chiffres : au moins 290 morts et 500 blessés. Le bilan, provisoire, des attentats survenus le dimanche de Pâques au Sri Lanka, dans des églises et hôtels, est glaçant. Il faudra désormais ajouter Colombo, Negombo et Batticaloa dans la funèbre liste internationale des villes frappées par une attaque terroriste de masse. Pas pour comparer les tragédies, Paris, Mogadiscio, Madrid, Mossoul, Colombo (liste non exhaustive), mais pour ne pas relativiser, ne pas s’habituer, ne pas oublier. Ni Paris tout proche, ni Colombo si loin. Même si l’enquête sur place ne fait que commencer, et qu’aucune revendication ne permet pour l’instant d’établir de lien direct, les attentats au Sri Lanka rappellent à la communauté internationale que la victoire territoriale contre Daech en Irak et en Syrie n’ouvre aucune période de répit sur le front de la lutte antiterroriste. L’Etat islamique a été défait. Mais aucun continent n’est à l’abri du fanatisme islamiste. Les autorités sri-lankaises ciblent pour l’instant un groupe local, le National Tawheed Jamaath, qui avait l’an passé fait parler de lui après des actions antibouddhistes relevant davantage du vandalisme. La sophistication et la simultanéité des attentats kamikazes de dimanche laissent entendre que ce groupe a bénéficié de connexions internationales… Si le théâtre sri-lankais a ses spécificités, puisque le pays se remet à peine d’une guerre civile meurtrière entre l’Etat à majorité bouddhiste et les séparatistes tamouls (entre 80 000 et 100 000 morts), ces attaques pascales rappellent que l’objectif des terroristes reste partout le même : semer la terreur pour diviser et monter les communautés les unes contre les autres. Au Sri Lanka, la mosaïque entre les bouddhistes et les minorités hindoue, musulmane et chrétienne, visée dimanche, est particulièrement fragile.
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