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Libération

Sri Lanka : contre les infox, les réseaux sociaux à l’index

publié le 22 avril 2019 à 20h56

Bloquer les principaux réseaux sociaux pour «empêcher la propagation d'informations incorrectes et fausses» : c'est la décision qu'a prise le gouvernement sri-lankais dimanche, après la vague d'attentats qui a endeuillé l'île. Une mesure «temporaire», a précisé la présidence. Selon les données recueillies quelques heures après les attaques par NetBlocks, une ONG basée à Londres, Facebook, Instagram et WhatsApp étaient affectés, de même que YouTube, Viber et Snapchat ; c'était encore le cas lundi en milieu de journée. Le recours à une telle mesure n'est pas une première : en mars 2018, le Sri Lanka avait bloqué Facebook, Instagram et WhatsApp pendant huit jours, pour éviter que ces services ne soient utilisés pour diffuser des appels à la violence contre les musulmans. Dimanche, après les premières explosions, le Centre for Policy Alternatives (CPA) de Colombo a de fait constaté un pic d'«infox» en ligne. Mais «si un bannissement des médias sociaux peut aider à contenir la propagation des rumeurs, il entrave aussi le travail des journalistes pour les contrer», constate Sanjana Hattotuwa, chercheur au CPA, cité par le Washington Post.

Sans compter que le blocage rend difficile, pour les habitants ou les familles des touristes, de joindre leurs proches… Contacté par Libé, le directeur exécutif de NetBlocks, Alp Toker, juge qu'en l'espèce, la mesure a plutôt «ajouté au sentiment de peur et de confusion» : «Il y a des problèmes à résoudre quant à la façon dont les réseaux sociaux et les messageries fonctionnent et permettent les abus. Mais ces plateformes sont aussi une composante essentielle de la réponse d'urgence.» Dimanche, Facebook a déclaré s'engager à «aider la communauté et le pays à réagir en cette période tragique», tandis que Viber encourageait ses utilisateurs à se montrer «responsables» et à «se fier aux mises à jour des sources officielles et de confiance».