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Libération
Récit

Sri Lanka : l’EI revendique et relance la thèse d’une aide extérieure

Le petit groupe sri-lankais suspecté d’avoir commis les attentats de dimanche ne semble pas en mesure de les avoir menés seul.
Hommage rendu aux victimes de la plus grande tuerie
depuis la fin de la guerre civile ­sri-lankaise, lundi à Negombo.
(Photo Gemunu Amarasinghe. AP)
publié le 23 avril 2019 à 20h46

Une revendication et une «revanche». L’Etat islamique (EI) a affirmé mardi être responsable des attentats qui ont tué plus de 350 personnes dimanche au Sri Lanka. «Les auteurs des attaques ayant visé des ressortissants des pays de la coalition [contre l’EI] et les chrétiens au Sri Lanka avant-hier sont des combattants de l’EI», a annoncé l’organisation jihadiste sur son agence de propagande Amaq.

Les premiers éléments de l’enquête indiquent par ailleurs que le carnage a été perpétré en représailles au massacre des mosquées de Christchurch (Nouvelle-Zélande) le 15 mars, a déclaré le vice-ministre sri-lankais de la Défense, Ruwan Wijewardene. Vu le degré de sophistication des attaques et du nombre d’assaillants - sept kamikazes -, cette connexion pourrait toutefois n’être qu’opportuniste.

L'implication de l'EI n'a pas été rejetée par le gouvernement sri-lankais. «Nous croyons qu'il peut y avoir des liens», a déclaré le Premier ministre, Ranil Wickremesinghe. La revendication s'est en outre doublée de la diffusion de photos et de vidéos montrant sept jihadistes au visage masqué qui prêtent allégeance au chef de l'organisation, Abou Bakr al-Baghdadi. Un huitième a le visage découvert.

Le groupe jihadiste vient d'être chassé de son «califat» en Syrie et en Irak et n'a pas d'implantation connue au Sri Lanka. Mais il reste influent et peut avoir commandité ou aidé à l'organisation des attentats. Il peut aussi les avoir «inspirés». Fin 2016, le ministère sri-lankais de la Justice estimait que 32 ressortissants avaient rejoint l'EI en Syrie (lire Libération du 23 avril ).

Pour l'heure, les autorités attribuent les attentats à un groupe islamiste local, National Thoweeth Jama'ath (NTJ). Il n'était connu jusque-là que pour avoir vandalisé des statues bouddhiques en décembre. «[Nous avons] du mal à voir comment une petite organisation dans ce pays peut faire tout cela, a néanmoins indiqué après les attentats le porte-parole du gouvernement. Nous enquêtons sur une éventuelle aide étrangère et leurs autres liens, comment ils forment des kamikazes, comment ils ont produit ces bombes.»

Deux frères, deux Sri-Lankais musulmans d'une vingtaine d'années, décrits comme venant d'une famille aisée et qui opéraient une «cellule terroriste» familiale, ont été identifiés. Ils jouaient également un rôle clé au sein du NTJ. Au total, une quarantaine de personnes ont été arrêtées depuis dimanche.

Selon Reuters, les autorités ont par ailleurs été prévenues plusieurs fois de l’imminence d’attaques. Deux heures avant le premier attentat, les services de renseignement indiens ont prévenu leurs homologues sri-lankais de la menace contre des églises. Une autre alerte avait été envoyée par l’Inde le samedi soir. Un avertissement avait enfin été envoyé il y a onze jours aux services de police selon lequel le NTJ s’apprêtait à attaquer des églises et l’ambassade d’Inde à Colombo.