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Libération

François Delattre : «Les Etats-Unis s’opposent désormais de manière catégorique et systématique à toute référence aux droits sexuels et reproductifs, au motif qu’il s’agirait d’une promotion internationale de l’avortement.»

François Delattre, Ambassadeur de France à l'ONU
publié le 25 avril 2019 à 19h46

Elle était censée mieux protéger les femmes victimes de violences sexuelles lors des conflits. Mardi soir, une résolution a été adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU. Mais le texte a été amputé d'une partie de sa substance, sous la pression notamment des Etats-Unis de Trump, qui ont fait retirer la référence à la «santé sexuelle et reproductive». Par la voix de son ambassadeur, la France avait exprimé sa «consternation». «Au-delà même de la résolution dont nous parlons, ce qui est en jeu, c'est vingt-cinq ans de combat en faveur des droits des femmes. Nous devons nous battre pour que ces droits, même s'ils ne figurent pas dans la résolution portée par l'Allemagne du fait de la menace de veto américain, ne se trouvent pas remis en cause sur d'autres fronts. C'est pourquoi j'ai rappelé publiquement que les autres résolutions du Conseil contenant ces droits continuent à s'appliquer. Il ne doit y avoir aucune ambiguïté. La France est, et restera, d'une extrême vigilance», explique, dans une interview à Libération, François Delattre, qui revient sur ce vote et ses enjeux. Si l'Allemagne a néanmoins décidé de mettre ce texte au vote, c'est parce que, même amputé, il «consacre une approche centrée sur les victimes des violences sexuelles et l'aide à leur apporter» en renforçant notamment les moyens d'action et de contrôle du Conseil de sécurité de l'ONU dans ce domaine.