Il faisait figure de suspect numéro un dans la chasse à l’homme des forces de l’ordre menée depuis cinq jours. Zahran Hashim est mort en menant l’attaque suicide contre l’hôtel Shangri-La de la capitale Colombo avec un second kamikaze, a finalement annoncé ce vendredi le président Maithripala Sirisena. Recherché par les autorités, l’homme était le chef du National Thowheeth Jama’ath (NTJ), mouvement jihadiste local accusé par Colombo d’avoir perpétré ces attentats qui ont visé des églises et des hôtels de luxe dimanche matin.
Zahran Hashim a mené l’attaque suicide contre l’établissement hôtelier haut de gamme de la capitale avec un second kamikaze, identifié comme «Ilham», a précisé le chef de l’État. Il apparaissait sur une vidéo publiée par le groupe jihadiste État islamique (EI), qui a revendiqué ces attentats, où on le voyait mener sept hommes dans un serment d’allégeance au chef de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi. Il était âgé d’une quarantaine d’années et originaire de la région orientale de Batticaloa, où l’un des kamikazes a frappé dimanche une église évangélique en pleine messe de Pâques.
Deuxième démission d'un haut-responsable
Les autorités sont sur la défensive face à la polémique croissante sur l'incapacité du Sri Lanka à empêcher ce massacre, alors qu'il disposait d'informations préalables très précises. L'inspecteur général de la police a démissionné ce vendredi. Pujith Jayasundara est le deuxième haut responsable sri-lankais à quitter son poste, après le plus haut responsable du ministère de la Défense jeudi soir.
La police s'est aussi trouvée dans l'embarras lorsqu'elle a publié par erreur la photo d'une Américaine musulmane dans un avis de recherche de six suspects. «Quelle surprise au réveil !», s'est exclamée l'intéressée sur Facebook.
La tension reste vive au Sri Lanka où la traque de suspects continue. Les forces de sécurité ont interpellé près de 75 personnes depuis dimanche en lien avec ce bain de sang, dont le bilan humain a été revu fortement à la baisse jeudi soir.
Les autorités ont ramené le nombre officiel de morts à 253, contre 359 précédemment, expliquant que des corps terriblement mutilés de victimes avaient été comptés plusieurs fois par erreur. Sur les 485 personnes ayant été hospitalisées pour des blessures, 149 restaient à l’hôpital jeudi soir, selon le ministère de la Santé.
Tourisme en berne
Le pays commence aussi à calculer les pertes économiques. «Le tourisme sera (le secteur économique) le plus durement affecté», a déclaré le ministre des Finances Mangala Samaraweera lors d'une conférence de presse, «nous nous attendons à une baisse de 30% des arrivées et cela signifie une perte d'environ 1,5 milliard de dollars». L'île d'Asie du Sud, prisée pour ses plages idylliques et sa nature verdoyante, avait connu une année record en 2018 avec 2,33 millions de touristes.
Du Royaume-Uni à Israël en passant par les Pays-Bas, plusieurs nations ont appelé leurs ressortissants à éviter de se rendre au Sri Lanka, ou à quitter le pays s’ils s’y trouvent. L’Australie a jugé ce vendredi «probable» que de nouveaux attentats y soient commis, alors que la traque de suspects en lien avec les attaques se poursuit. Des centaines de Néerlandais se trouvant actuellement au Sri Lanka vont être rapatriés aux Pays-Bas «dans les prochains jours», a annoncé le même jour un fonds de garantie actif dans le tourisme.