La claque est violente, et pas totalement inattendue. Les deux principaux partis politiques britanniques, les travaillistes et les conservateurs, enregistraient vendredi de très lourdes pertes aux élections locales qui s’étaient déroulées la veille en Angleterre (hors Londres) et en Irlande du Nord.
Cette raclée annoncée est d’ores et déjà interprétée par les analystes et les protagonistes comme un vote sanction face au chaos du Brexit. Même si leur interprétation de ce vote diffère sensiblement. Vendredi midi, les tories avaient déjà perdu plus de 450 sièges de conseillers municipaux et les résultats définitifs ne devaient être connus que dans la soirée. Une perte qui pouvait doubler une fois les dépouillements terminés. Les travaillistes en avaient pour leur part perdu environ 80. Le parti europhobe de l’Ukip cédait aussi du terrain, mais dans des proportions moindres.
Les grands bénéficiaires de cette désaffection des électeurs sont le parti libéral-démocrate (centriste et pro-remain), le Green party (les écologistes, remain également) et aussi les candidats indépendants, qui ne sont affiliés à aucun parti. «Il s'agit historiquement de notre plus grande nuit électorale, c'est une formidable rampe de lancement avant les élections européennes», s'est félicité Jonathan Bartley, codirigeant du Green party.
De leur côté, les libéraux-démocrates font un retour en fanfare sur la scène politique locale après avoir été laminés aux dernières élections locales où ils avaient payé leur participation à un gouvernement de coalition avec les conservateurs de David Cameron.
Pour les écologistes et les libéraux, l’interprétation du vote est claire : les électeurs n’en peuvent plus de l’indécision et de l’incompétence des conservateurs et des travaillistes, ils ont donné le pouvoir à des partis dotés d’une vision claire et résolument en faveur d’un maintien au sein de l’UE. Des analystes tablent pourtant plutôt sur un vote de protestation plus qu’une volonté d’annuler le Brexit.