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Libération

Au Panamá, après les scandales, un «M. Propre» élu

par Astrid Landon
publié le 6 mai 2019 à 20h36

Sous une pluie de paillettes argentées, le nouveau président panaméen Laurentino Cortizo - dit «Nito» - est apparu tout sourire dans la nuit de dimanche. Le candidat du parti de centre gauche Partido Revolucionario Democrático fêtait sa victoire serrée face à son homologue de centre droit, Rómulo Roux. Il a remporté la course à la présidentielle avec 33 % des voix lors du scrutin à un seul tour. Des chiffres contestés par son rival qui a obtenu 31 % et appelle à revoir le scrutin. Depuis la restauration de la démocratie en 1989, aucune élection n’avait connu un résultat aussi serré. Laurentino Cortizo succède à Juan Carlos Varela, du parti de droite Panameñista, non-rééligible car la Constitution ne permet pas d’exercer deux mandats successifs.

A 66 ans, ce businessman a étudié à l'université d'Austin (Texas). Ses enfants sont même citoyens américains. Il a travaillé pour le secteur du bâtiment et a occupé le poste de ministre de l'Agriculture de 2004 à 2006. Laurentino Cortizo a centré son discours sur la nécessité de nettoyer le pays de toute forme de corruption : «Plus personne au Panamá ne sera intouchable. Il y a beaucoup à faire, à reconstruire», a-t-il lancé. Un discours à l'image de sa campagne centrée sur la corruption qui agite le pays depuis les années 80. L'Etat peine à se remettre de deux scandales : les Panamá Papers et celui d'Odebrecht - une affaire de pots-de-vin qui a notamment touché l'ex-président Ricardo Martinelli.

La stratégie de Cortizo durant la campagne visait à mettre en cause la crédibilité des partis de droite, tous deux touchés par ces scandales qui ont un impact direct sur la population. Les aides sociales peinent à atteindre ceux qui en ont besoin, les investissements internationaux se raréfient, les coupures d’eau sont fréquentes dans certaines zones. Selon des sondages rassemblés par le Council of the Americas, la corruption est la première préoccupation des électeurs, devant la criminalité et le chômage.

Contre ce phénomène qui gangrène le système bancaire panaméen, Cortizo a insisté sur la nécessité de le rendre plus transparent. La crédibilité de ce système est décisive si le nouveau président souhaite le retour des investisseurs étrangers. «L'un des points centraux est de restaurer la crédibilité du pays sur la scène internationale», a affirmé vendredi le porte-parole de la campagne présidentielle, Juvy Cano, à Al Jazeera.