En 2030, les seuls véhicules autorisés à circuler à Amsterdam rouleront à l'électrique ou l'hydrogène, mais ni à l'essence ni au diesel, a annoncé la municipalité le 2 mai. Les autorités espèrent réduire grâce à cette mesure la pollution de l'air, «tueur silencieux et un des plus grands risques sanitaires à Amsterdam», selon les termes de Sharon Dijksma, conseillère municipale chargée de la circulation. Amsterdam a beau être la ville des cyclistes, les taux de dioxyde d'azote et de particules fines y sont supérieurs aux limites européennes et réduisent probablement d'un an l'espérance de vie des habitants. Pour atteindre l'objectif d'une zone zéro émission d'ici 2030, la ville a prévu de fonctionner par étapes. La première s'appliquera dès l'an prochain, quand les véhicules construits avant 2005 ne seront plus autorisés en ville. En 2022, l'interdiction sera étendue aux bus émettant des gaz à effet de serre, puis aux bateaux de plaisance et aux deux-roues, en 2025.
En compensation, la municipalité promet de mettre en place de nouvelles subventions pour faciliter l’achat de voitures non émettrices de gaz à effet de serre. Elle devrait également installer gratuitement une station de recharge chez tous ceux qui achèteront de tels véhicules. Il existe pour l’instant environ 3 000 points de recharge à Amsterdam, loin des 16 000 à 23 000 nécessaires pour rendre le projet viable.
Pour lutter contre la pollution de l’air, ce type d’initiatives se multiplie. Certaines villes appliquent le principe du pollueur-payeur, comme Londres. Depuis avril, les conducteurs de véhicules essence construits avant 2006 et de diesel antérieurs à 2015 doivent s’y acquitter d’une taxe de 14,50 euros pour entrer dans le centre. D’autres bannissent les véhicules polluants, comme Madrid. Depuis novembre, les cinq kilomètres carrés du centre ne sont accessibles qu’aux voitures électriques ou hybrides, aux bus et aux taxis et chaque plaque d’immatriculation y est scrutée par le réseau de caméras mis en place pour s’assurer du respect de l’interdiction. Paris prévoit d’interdire les diesels d’ici 2024 et les essences en 2030.
Ces mesures, saluées par les écologistes, ont été critiquées par les associations de conducteurs, qui dénoncent leur aspect antisocial. Aux Pays-Bas, l'association Rai, qui représente l'industrie automobile, a condamné un plan laissant de côté «des dizaines de milliers de familles qui n'ont pas les moyens d'acheter une voiture électrique» et qui «transforme Amsterdam en ville de riches». Sauf si la municipalité met le paquet sur les transports en commun…