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Libération
Opération militaire

Burkina Faso : deux soldats français tués, quatre otages sauvés

Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’assaut sur un camp jihadiste dans le nord du pays a permis de libérer quatre touristes, dont deux Français kidnappés le 1er mai au Bénin.
Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, tués dans l’opération, appartenaient au commando Hubert de la marine. (Photo Sirpa Marine. Reuters)
publié le 10 mai 2019 à 17h34
(mis à jour le 10 mai 2019 à 19h59)

Ils appartenaient au commando Hubert de la marine, unité d’élite des ­forces françaises. Cédric de Pierrepont, né en 1986, et Alain Bertoncello, né en 1991, ont été tués dans la nuit de jeudi à vendredi dans le nord du Burkina Faso. Ils participaient à une mission qui a permis de sauver quatre ­otages, dont deux Français ­– Patrick Picque et Laurent Lassimouillas, kidnappés le 1er mai, pendant un séjour touristique au Bénin.

Les deux hommes sont attendus à Paris samedi en fin d'après-midi. Deux autres otages, une Américaine et une Sud-Coréenne, ont également été libérées. «Personne n'avait connaissance de leur présence», a déclaré la ministre française des ­Armées, Florence Parly. Les deux femmes étaient otages, «a priori, depuis vingt-huit jours», a indiqué le chef d'état-major des armées, le général François Lecointre. Les Etats-Unis ont adressé vendredi leurs remerciements à la France.

Les deux Français avaient été enlevés alors qu’ils faisaient un safari dans le parc de la Pendjari, qui court sur 5 000 kilomètres le long de la frontière burkinabée. L’enlèvement n’avait pas été revendiqué. Le corps de leur guide, très abîmé par des charognards, avait été retrouvé le 4 mai, et leur véhicule, ­incendié, découvert à quelques dizaines de kilomètres, au Burkina Faso.

Risque «de transfèrement des otages»

C'est dans ce pays, et non au Bénin, qu'a eu lieu l'opération militaire «complexe», selon les autorités, pour les libérer. D'après le chef d'état-major français François Lecointre, elle s'est déroulée avec l'aide des ­forces burkinabées et «un soutien américain en ren­seignement». Les moyens de l'opération Barkhane, le dispositif de l'armée française au Sahel, ont également été mobilisés.

Les ravisseurs étaient surveillés depuis plusieurs jours, l'armée est intervenue en raison du risque «de transfèrement des otages à une autre organisation terroriste qui agit au Mali, et qui est la ­katiba Macina [du prédicateur Amadou Koufa, ndlr]», rendant «impossible d'organiser une quelconque opération de libération», a encore déclaré le général ­Lecointre.

Selon France Info, l’assaut des forces spéciales a visé un petit campement jihadiste dans le nord du pays, à pro­ximité de la frontière ­malienne, repéré par le ­renseignement américain, qui n’était gardé que par ­quatre personnes, qui ont toutes été tuées lors de ­l’assaut.

Paris n'a pas communiqué sur l'identité des ravisseurs. «L'analyse est en cours. Ce que l'on peut dire c'est qu'il y a deux mouvements terroristes principaux qui opèrent dans cette zone et qui sont affiliés pour l'un à Al-Qaeda, pour l'autre à l'EIGS [Etat islamique au Grand Sahara]. Nous n'en savons pas plus pour l'instant», a indiqué Florence Parly.

Plusieurs groupes jihadistes actifs

Plusieurs groupes jihadistes sont actifs au Burkina. Les plus virulents sont, outre l'EIGS, Ansaroul Islam et  le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM). C'est ce dernier, qui opère aussi au Mali et au Niger, qui avait attaqué le quartier général de l'armée burkinabée et l'ambassade française à Ouagadougou en mars 2018. L'ONG Interna­tional Crisis Group estime qu'une dizaine d'autres groupes, «plus petits et sans doute moins structurés» sont également présents dans le pays. Les formations islamistes qui avaient pris le contrôle du nord du Mali en 2012, avant d'en être chassées par l'armée française, ont peu à peu regagné du terrain et ont étendu leurs attaques, jusqu'au Niger et au Burkina Faso. Le Togo et le Bénin sont également considérés comme vulnérables.

La mémoire des deux soldats français tués a été saluée par l'Elysée. Emmanuel Macron «s'incline avec émotion et ­gravité devant le sacrifice de nos deux militaires». Le ­ministère des Armées, celui des Affaires étrangères et ­plusieurs responsables de partis politiques se sont joints à l'hommage. Une ­cérémonie nationale se tiendra mardi aux Invalides.

Cédric de Pierrepont cumulait quinze ans de service et avait été notamment déployé au Sahel et dans la zone du Levant (Irak et Syrie). Alain Bertoncello était entré dans la Marine nationale en 2011 et avait obtenu le brevet de ­nageur de combat.