Une conférence regroupant des médias d'extrême droite dits «libres» et interdite à toute autre publication s'est tenue samedi à Berlin avec en invité d'honneur la «pop star de la haine», l'entrepreneur britannique Milo Yiannopoulos, tout juste banni de Facebook et Instagram au prétexte qu'il entre dans la catégorie des «individus et organismes dangereux».
Cette «conférence des médias libres» était organisée par quatre députés du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), et elle s'est déroulée dans sa quasi-intégralité au Bundestag. Un temps annoncé, Steve Bannon, ex-stratège de Trump, a été remplacé par Yiannopoulos - par ailleurs ex-collaborateur de Breitbart News, site ultraconservateur longtemps dirigé par Bannon -, décrit par le blogueur d'extrême droite allemand David Berger comme «un provocateur gay et brillant, aux articles et aux propos décapants tels que "le féminisme est un cancer", ou "la contraception rend les femmes horribles et folles"». Le Britannique tient en effet des propos sexistes et antiféministes, racistes, islamophobes et conspirationnistes, quand il ne fait pas l'apologie de la pédocriminalité. Sa venue, hautement controversée, a fait polémique jusqu'au sein de l'AfD. Le groupe AfD au Bundestag a fini par se déclarer opposé à sa venue à la Chambre basse du Parlement car il aurait ensuite fallu justifier une telle action auprès des contribuables allemands, par l'intermédiaire de la Cour fédérale des comptes. Après bien des remous, sa visite a finalement été maintenue, mais en des lieux plus informels. Le député AfD Martin Renner a exhorté les participants, qui se «défendent contre les exigences du politiquement correct», à «mettre sous surveillance les médias mainstream».
Cette réunion témoigne d'une radicalisation d'une partie de l'AfD, dont la rhétorique «antisystème» faisait certes depuis longtemps la guerre aux médias «traditionnels», qualifiés de «Lügenpresse», presse menteuse. Mais il s'agit ici d'une nouvelle étape. Il ne s'agit plus seulement de dénigrer systématiquement les médias «traditionnels» et de saturer l'espace médiatique à l'aide de polémiques vaines, mais désormais de passer à une nouvelle étape, la «réinformation».