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Libération

Législatives australiennes : Scott Morrison, conservateur vainqueur

par Valentine Sabouraud, (à Melbourne)
publié le 19 mai 2019 à 21h16

Le «miracle» a fonctionné pour la coalition conservatrice australienne qui a remporté samedi les législatives, contre un Parti travailliste pourtant donné gagnant. Le Premier ministre, Scott Morrison, peut s'enorgueillir d'une victoire personnelle, même s'il a déclaré : «Ce soir, il ne s'agit pas de moi, ni même du Parti libéral. Il s'agit de tous les Australiens qui comptent sur leur gouvernement pour les faire passer en premier.»

Derrière le visage poupin et les sages lunettes, le sourire est parfois carnassier. En août, l’homme est devenu Premier ministre surprise après une double tentative de putsch interne qui s’est soldée par le départ du chef du gouvernement, Malcolm Turnbull. En Australie, les factions rivales d’un même parti peuvent renverser leur leader en remettant en cause ses qualités.

A l'époque, Susan Harris-Rimmer, professeure de droit à l'université de Griffith, s'était étonnée dans le New York Times : «C'est extraordinaire que Scott Morrison soit le candidat [le plus] modéré. C'est un homme extrêmement conservateur, attaché à l'ordre public.»

Entré en politique en 2000, il intègre le Parlement en 2007. Ses années dans l'opposition - le pays est gouverné par le Labour de 2007 à 2013 - sont marquées par des prises de positions controversées. Après la mort de 48 demandeurs d'asile en 2010 au large de Christmas Island, il s'oppose à ce que le gouvernement règle le voyage des familles pour assister aux obsèques à Sydney. En 2017, alors ministre des Finances, il s'oppose à la légalisation du mariage pour tous. Son succès de samedi est «une incroyable surprise» pour Mark Kenny, agrégé à l'Université nationale australienne, qui observe que la présidentialisation de la campagne législative a payé. «Bon débatteur doté d'un solide instinct politique, Morrison a pleinement assumé son bilan.» L'autorité incontestée tirée de cette victoire devrait lui donner le temps de travailler. Après des années d'instabilité (six Premiers ministres en onze ans), il devrait, selon Kenny, bien finir son mandat de trois ans. Et peut-être davantage.