Un Français de 35 ans, Félix Dorfin, a été condamné en Indonésie à la peine de mort pour trafic de stupéfiants. Un véritable coup de massue pour ce trentenaire originaire de Béthune (Pas-de-Calais), alors même que le parquet avait requis contre lui une peine de vingt ans de prison assortie d'une amende de 10 milliards de roupies (environ 625 000 euros). En milieu d'après-midi, lundi, le ministère des Affaires étrangères s'est dit «préoccupé» par la situation.
Interpellé en septembre 2018 à l’aéroport de Lombok – une île à l’est de Bali – en provenance de Singapour, Félix Dorfin avait en sa possession trois kilos d’ecstasy, d’amphétamines et de kétamine, dissimulés dans une valise à double fond. En janvier, il avait réussi à s’évader du centre de détention où il se trouvait, dans des conditions qui restent floues. Cependant, une policière soupçonnée de lui avoir apporté une aide dans son évasion a été arrêtée et condamnée. Selon des sources locales, Dorfin lui aurait versé des pots-de-vin de plus de 1 000 dollars. Repris onze jours plus tard dans une forêt de l’île de Lombok, le Français aurait alors tenté, selon les dires des policiers, de les soudoyer.
Ce lundi, les tribunaux indonésiens, connus pour leur extrême sévérité, n'ont donc pas fait entorse à leur réputation. Dans sa décision, le juge a estimé que Félix Dorfin faisait partie d'un réseau international de trafic de stupéfiants, ce qui a constitué un facteur aggravant. Au sein de cette organisation complexe, disposant de nombreuses ramifications, le Français aurait fait office de «coursier», acheminant la drogue à travers différents pays. Autre motivation retenue par le magistrat indonésien : l'importante quantité, mais surtout l'étonnante variété des produits en sa possession. L'avocat commis d'office du Français a indiqué qu'il fera appel de la décision du tribunal de Mataram, estimant que son client n'avait pas connaissance de ce qui se trouvait dans sa valise.
Félix Dorfin rejoint ainsi un autre Français, Serge Atlaoui, lui aussi condamné à la peine capitale pour trafic de drogue et détenu en Indonésie depuis 2007. L'Indonésie a fait de la lutte contre les stupéfiants une de ses priorités, raison pour laquelle deux Australiens, Andrew Chan et Myuran Sukumaran, membres du réseau de trafic de stupéfiants Bali Nine, ont été condamnés à mort et exécutés en 2015. Cependant, le pays n'a plus exécuté de condamnés depuis 2016.
«Ce verdict de peine capitale représente un nouveau pas en arrière pour les droits humains en Indonésie», a souligné Andreas Harsono, de l'organisation Human Rights Watch. «Les multiples promesses du gouvernement indonésien de progresser vers l'abolition de la peine de mort n'ont pas eu de poids sur l'île de Lombok.»