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Libération

En Syrie, «réconciliation ou pas, ça ne change rien»

publié le 21 mai 2019 à 20h06

Le processus de réconciliation, tel qu'il est mis en œuvre par le régime syrien et son allié russe, n'en est pas un. «Les combats ont cessé dans la majeure partie de la Syrie, mais rien n'a changé pour les services de renseignement, qui continuent à bafouer les droits des opposants supposés à l'ordre d'Al-Assad. L'absence de procédures régulières, les arrestations arbitraires et le harcèlement, même dans les zones soi-disant réconciliées, sont plus parlants que les fausses promesses de retour [des réfugiés et des déplacés], de réforme et de réconciliation», a accusé mardi la directrice adjointe pour le Moyen-Orient à Human Rights Watch Lama Fakih. Les abus visent d'anciens responsables ou militants de l'opposition, des travailleurs humanitaires et des membres de familles d'anciens combattants antirégime.

L'ONG a interrogé des habitants des régions de Deraa, de Quneitra, de la Ghouta orientale et de villes à la périphérie Sud de Damas. Certaines de ces zones sont sous le contrôle des services de renseignement de l'air, d'autres des renseignements militaires. La majorité a fait l'objet d'un accord dit «de réconciliation» l'an dernier. Après des années de bombardements et parfois de siège, les combattants et les civils pouvaient soit être transférés dans d'autres régions, principalement la province d'Idlib (Nord-Ouest), soit rester et bénéficier d'une amnistie. Mais rien ne se passe comme prévu. Selon les ONG locales, au moins 500 personnes ont été arrêtées à Deraa, dans la Ghouta orientale et dans des villes au sud de Damas.

A Deraa, le sort de 230 habitants arrêtés reste toujours inconnu. «Réconciliation ou pas, ça ne change rien», a dit à HRW un activiste dont la sœur a été arrêtée à un check-point à proximité de Deraa en novembre. Elle a pu être libérée grâce au versement d'un bakchich de près de 600 dollars (537 euros) à un responsable des renseignements militaires. Plusieurs autres témoins interrogés par l'ONG n'ont en revanche aucune nouvelle de leurs proches après leur arrestation.

Dans son rapport, Human Rights Watch demande à la Russie, principale alliée avec l’Iran du régime de Bachar al-Assad, d’intervenir auprès de Damas pour faire libérer les détenus arrêtés arbitrairement et de fournir des informations sur le sort de ceux qui ont disparu.