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Libération

Crise autrichienne : le comique allemand qui en savait beaucoup

publié le 22 mai 2019 à 19h56

Près d'une semaine plus tard, le brouillard autour du scandale de corruption qui a fait vaciller le gouvernement autrichien ne s'est toujours pas dissipé. Rappel des faits : vendredi, la Süddeutsche Zeitung et le Spiegel ont diffusé des extraits d'une vidéo tournée en caméra cachée en 2017 à Ibiza, où le vice-chancelier autrichien Heinz-Christian Strache, alors patron du parti d'extrême droite FPÖ et pas encore membre du gouvernement, se montrait prêt, entre autres, à offrir à un oligarque russe, en croyant parler à la nièce de ce dernier, des marchés publics autrichiens en échange d'un soutien financier via des investissements dans un journal, le Kronen Zeitung. Publication à mettre au pas car, selon lui, «les journalistes sont les plus grandes prostituées de la planète». Ces révélations ont provoqué une crise politique en Autriche, avec démission de Strache, départ des ministres FPÖ, fin de la coalition, et organisation d'élections en septembre.

Parmi les divers mystères entourant cette histoire, l'un d'eux vient d'Allemagne. Car, à la veille des révélations, lors de son night show sur la chaîne ZDF, le satiriste Jan Böhmermann, 38 ans, a lâché cette boutade prophétique : «Demain, il se pourrait que l'Autriche brûle.» En avril déjà, au moment de la remise d'un prix autrichien, cette personnalité médiatique incontournable en Allemagne avait fait allusion au contenu de la vidéo, en disant «se détendre dans la villa à Ibiza d'un oligarque russe avec quelques amis du FPÖ», tout en évoquant une prise de contrôle du Kronen Zeitung. Mais sans donner plus de détails car «je ne peux pas en parler». Le quotidien autrichien Der Standard relève même qu'en avril 2018, alors que Böhmermann réalise une vidéo pour ce même prix, il fait allusion à la coalition entre conservateurs et extrême droite au pouvoir en Autriche… Sur fond d'un drapeau letton. Or, la nièce de l'oligarque russe proche de Poutine avec qui Strache croyait négocier était en possession, selon ses dires, d'un passeport letton.

Mardi, la ZDF a déclaré au tabloïd Bild que ni Böhmermann ni sa société de production n'étaient impliqués dans le tournage de la vidéo à Ibiza. Toutefois, selon une journaliste autrichienne du Süddeutsche Zeitung, l'un des journaux à l'origine des révélations, Böhmermann a probablement fait partie des journalistes approchés par les auteurs de la vidéo.