«C'est une victoire record !» s'exclamait dimanche soir Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois. Son parti, le Fidesz, a remporté plus de 52 % des voix (résultats non finaux), engrangeant sa cinquième victoire électorale en dix ans. Pourtant, Orbán rêvait d'atteindre 60 % et de réaliser le meilleur score en Europe. Autre déconvenue : le Fidesz a perdu un million d'électeurs depuis les législatives de 2018. Et il n'aura que 13 élus au Parlement européen, soit un de plus que dans l'assemblée sortante. Pas de quoi négocier en position de force avec le Parti populaire européen, qui avait décidé en mars de le suspendre.
Malgré des œillades à Matteo Salvini, Orbán a boudé le raout des droites extrémistes organisé à Milan par le leader populiste italien une semaine avant le scrutin. Signe qu'il aspire à rester membre du club des conservateurs européens, qui lui donne une aura de respectabilité que n'ont pas les autres partis d'extrême droite. «Quitter le PPE signifierait pour Orbán se retrouver à la périphérie des affaires. Or il veut influencer la politique», estime l'analyste Csaba Tóth. D'autant que l'affaire de l'Ibiza-gate a rejailli sur le Premier ministre hongrois. Quelques jours avant le scandale, le leader de l'extrême droite autrichienne, Heinz-Christian Strache, était reçu à Budapest par Orbán. Et dans la vidéo filmée à son insu, l'Autrichien affirmait vouloir s'inspirer d'Orbán pour mettre les médias sous contrôle. Depuis, ceux d'Allemagne ne cessent de fustiger le régime corrompu et opaque du Premier ministre hongrois.
Le PPE voudra-t-il à nouveau d'Orbán ? L'équation est complexe car, selon un sondage interne, 80 % des sympathisants du Fidesz souhaiteraient qu'il quitte les conservateurs européens. Une solution pourrait être de négocier un statut spécial. «Il y a dix ans, les conservateurs britanniques n'étaient pas membres du PPE et siégeaient à part, tout en ayant une alliance avec eux», indique Sámuel Agoston Mráz, directeur de Nézöpont, think tank proche du gouvernement. Comme en écho au splendide isolement d'Orbán sur la scène européenne.