Chaque mois, Libération fait le point sur les histoires qui ont fait l'actualité des femmes, de leur santé, leurs libertés et leurs droits. Quarante-cinquième épisode : mai 2019. Si vous avez manqué l'épisode précédent, il est ici (et tous les autres sont là).
Santé
Un futur centre dédié aux maladies des femmes à Paris
Parfois méconnues et mal traitées, les pathologies spécifiques aux femmes auront très prochainement au sein du Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph un lieu dédié fédérant l'ensemble des spécialités liées à la santé des femmes, rapporte le site Pourquoi docteur. Ce genre d'initiative est rare. Endométriose, cancer du sein, fibrome ou maladies du col utérin pourront être dépistés et pris en charge dans ce centre. Toutes ces pathologies gynécologiques sont traitées par «des spécialistes rompus aux nouvelles technologies dont le but est de faire bénéficier chaque patiente d'une thérapeutique adaptée à son cas en privilégiant systématiquement l'acte le moins invasif», rapporte le site. A noter, le service dédié à l'endométriose dont la prise en charge est souvent très compliquée pour les femmes. Encore souvent méconnue des professionnels de santé, cette maladie qui touche 2 à 4 millions de Françaises est très longue à diagnostiquer. En moyenne, les femmes doivent compter sept à dix ans d'errance médicale avant de pouvoir poser un nom sur leur mal. Un premier annuaire en ligne répertoriant les praticiens ayant une expertise sur cette maladie a d'ailleurs été lancé fin mai par l'association Endomind avec l'annuaire collaboratif Map Patho pour faciliter la prise en charge. Le 16 mai avait également lieu le 5e Red Day pour sensibiliser les femmes aux maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité de ces dernières dans le monde.
Et aussi… le chirurgien Jean-Marc Ayoubi nous a raconté la genèse de la première greffe d'utérus en France ; on vous a parlé aussi du sénat d'Alabama qui a voté la loi anti-avortement la plus répressive des Etats-Unis, prévoyant notamment de lourdes peines de prison pour les médecins pratiquant des IVG.
Sexualité et corps
L’appel à la grève du sexe d’Alyssa Milano controversé
Après avoir largement participé au lancement du mouvement #MeToo en octobre 2017, l'actrice Alyssa Milano a lancé en mai un appel à la «grève du sexe» pour dénoncer le durcissement de la loi sur l'avortement dans l'Etat de la Géorgie. Si certains y ont vu un combat politique permettant de mobiliser sur un sujet essentiel, cette démarche n'a pas fait consensus auprès des femmes. L'auteure Kristi Coulter, qui écrit notamment pour le média américain The Cut, lançait sur Twitter : «Vivre sous le patriarcat m'a déjà privé de sécurité, d'autonomie, d'opportunités et de confiance dans nos institutions. Il faudrait que je me prive de sexe, et que je participe à la fiction selon laquelle il ne s'agit que d'un outil de négociation/marchandage pour les femmes ?»
En France, le boycott du sexe a aussi eu plusieurs échos négatifs, à commencer par celui de la secrétaire d'Etat à l'égalité femmes hommes Marlène Schiappa : «Menacer de grève du sexe en réaction aux régressions du droit à l'IVG c'est comme nous punir nous-même une deuxième fois. […] Les femmes aussi ont droit à une sexualité libre et épanouie et de cesser d'envisager la sexualité des femmes comme quelque chose qui aurait pour but d'être agréable pour… les hommes.» La chercheuse Camille Froidevaux-Metterie a aussi expliqué dans un thread Twitter pourquoi la grève du sexe véhicule une «série de représentations dommageables» : «Elle invisibilise le fait que l'IVG peut être consécutive à un viol», «entretient l'idée que la contraception passe par l'abstinence et, surtout, que ce sont les femmes qui sont responsables des grossesses non-désirées», «sous-tend aussi une représentation hétéronormée de la sexualité comme étant à finalité reproductive et à destination des hommes qu'il s'agit de satisfaire». Elle conclut : «Faire du corps des femmes l'enjeu d'un marchandage, c'est l'instrumentaliser, l'objectiver, et finalement perpétuer l'assignation sexiste des femmes à leur génitalité.» Dans une tribune sur CNN, Alyssa Milano a répondu à ces critiques expliquant que la grève du sexe était surtout un moyen «d'attirer l'attention» et «d'aider tout le monde à comprendre la gravité de la situation et le besoin immédiat d'agir rapidement». Pari réussi ?
Et aussi… on a regardé Moi, grosse un film sur la souffrance de celles et ceux qui subissent quotidiennement la grossophobie ; interviewée la réalisatrice du documentaire Female pleasure on vous parle aussi du cas de l'athlète Caster Semenya contrainte d'abaisser son taux de testostérone pour concourir. Une illustration de l'épreuve sociale que les athlètes hyperandrogènes connaissent pour pouvoir exister dans le monde sportif.
Sexisme ordinaire
A l’approche de la Coupe du monde féminine de foot, l’égalité pas encore gagnée
Le 18 mai, les footballeurs de Manchester City ont remporté leur match face à Watford, devenant la première équipe masculine du pays à décrocher le triplé Coupe d'Angleterre-Championnat d'Angleterre-Coupe de la Ligue. Cette rencontre n'a pas manqué d'engendrer une petite séquence «sexisme ordinaire» lors de la conférence de presse d'avant-match. A un journaliste qui l'interrogeait sur la perspective de «devenir la première équipe» à décrocher les trois titres, l'entraîneur de Manchester City Pep Guardiola a dû rappeler que ses joueurs ne seraient que la première équipe masculine à obtenir ces trophées, pas la première équipe tout court : «Les femmes l'ont déjà gagné», a-t-il dit, faisant référence à l'équipe féminine d'Arsenal, qui l'a réalisé pas moins de trois fois.
"The first time men's, women's they won it". Pep Guardiola corrects a @SkySports reporter who asks him about winning a first-ever domestic treble tomorrow in the #FACupFinal #MCIWAT @GaryLineker @SheKicksdotnet @WomeninFootball pic.twitter.com/km1z5GOoOT
— Asif Burhan (@AsifBurhan) May 17, 2019
Une séquence pas franchement de bonne augure à l'approche de la Coupe du monde féminine de foot (qui pose, au sein de la rédaction de Libé, des questions sur le vocabulaire à employer), à l'occasion de laquelle l'équipe féminine de foot d'Allemagne a dénoncé dans un clip les préjugés et les remarques sexistes que les joueuses subissent encore («Les femmes ne sont bonnes qu'à faire des enfants», «[Regarder du foot féminin] c'est comme regarder un match amateur au ralenti»). Sexisme qui passe aussi par le porte-monnaie : l'équipe qui remportera la Coupe du monde sera gratifiée d'une somme de quatre millions de dollars, soit près de dix fois moins que le montant alloué aux hommes lors de la Coupe du monde 2018 en Russie, rappelle Sud-Ouest, qui propose un tour d'horizon des inégalités entre équipes féminines et masculines dans le monde : salaires inférieurs à ceux des hommes, pas de statut professionnel pour les footballeuses italiennes, pas de sponsors pour les Sud-Coréennes – que leur fédération faisait d'ailleurs voyager en classe économique il y a quelques années quand leurs homologues masculins avaient droit à la classe affaires… Mais les choses avancent. La part des rencontres sportives entre équipes féminines dans les retransmissions télé a par exemple doublé entre 2012 et 2017, passant de 7 à 14%, relève France Culture. Sur le plan de la représentation, on progresse aussi : un baby-foot avec des figures féminines va bientôt être commercialisé en France – et ça, c'est une vraie première.
Et aussi… Checknews a décortiqué la polémique du chauffeur de bus RATP qui aurait refusé de faire monter une jeune femme à cause de sa jupe.
Libertés
«La Voyageuse», un couchsurfing de la sororité pour parcourir le monde sereinement
«Une femme doit pouvoir voyager comme un homme» et particulièrement quand elle est seule : c'est le leitmotiv de Christina Boixière, fondatrice de la plateforme d'hébergement 100% féminine La Voyageuse. Cette Bordelaise d'origine taïwanaise sillonne le globe en solo depuis dix-sept ans. Mauvaises rencontres, remarques désobligeantes de personnes qui s'étonnent qu'une femme voyage sans son copain, en passant par les hommes malveillants qu'elle doit fuir en pleine nuit, Christina Boixière souhaite éviter que ses consœurs itinérantes subissent ce genre de déconvenues et veut participer à leur émancipation. De là lui vient l'idée de créer ce couchsurfing de la sororité. Comme le rappelle Cheek Magazine, Phumzile Mlambo‑Ngcuka, la directrice exécutive d'ONU Femmes, commentait dans un article récent du New York Times sur les voyageuses solitaires : «Les femmes courent dans l'espace public des risques auxquels ne sont pas exposés les hommes, dans leur pays et pas seulement.»
Pouvoir voyager en solo et en sécurité pour une femme est un enjeu mondial. De 2014 à 2017, les globe-trotteuses solos sont passées de 59 millions à 138 millions, selon l'Organisation mondiale du tourisme. Sur La Voyageuse, pour 119 euros mensuels, les globe-trotteuses peuvent accéder aux disponibilités des hébergeuses. L'hébergement, lui, est ensuite gratuit. Pour l'heure, 500 hébergeuses âgées de 20 à 65 ans vivant seules, en couple ou en famille proposent leurs services en France comme à l'étranger. Les profils et adresses sont vérifiés avant de contacter les postulantes via un entretien téléphonique pour plus de sécurité.
Et aussi… retrouvez notre enquête sur les batailles de l'extrême droite contre les droits des femmes en Europe ; la tribune du mouvement Women 7 sur le G7 féministe qui se prépare pour la fin août ; une interview d'une curatrice d'exposition au musée d'Israël sur le voilement des juives et des musulmanes ; le portrait de la tête de liste des Verts suédois aux européennes Alice Bah Kuhnke ; celui de Viktoria Modesta, chanteuse unijambiste lettone nouvelle tête d'affiche du Crazy Horse ; et la critique d'un ouvrage collectif consacré au livre culte de la philosophe Donna Haraway qui a eu une influence décisive sur l'exploration des rapports entre genre et technologie comme sur l'émergence du cyberféminisme.
Violences
En Grande-Bretagne, les victimes de viol obligées de donner accès à leur téléphone
La décision a provoqué l'indignation des associations de défense des droits des femmes outre-Manche. Les autorités britanniques vont désormais demander aux victimes de violences conjugales, d'agressions sexuelles ou de viols de dévoiler à la police le contenu de leur téléphone portable et de leurs comptes sur les réseaux sociaux. Les enquêtes pourront être abandonnées en cas de refus de signer un «formulaire de consentement» autorisant l'accès aux messages, mails ou photos, dans un objectif de «faciliter les procédures judiciaires», rapporte The Independent, cité par Courrier international.
La mesure, qui aurait été décidée après plusieurs procès dans lesquels des SMS révélés tardivement auraient permis d'innocenter des suspects, a été largement critiquée, notamment par le leader du Labour Jeremy Corbyn, pour qui cela pourrait dissuader encore plus les victimes de porter plainte. «Bien que les plaignantes comprennent la nécessité d'examiner le matériel pertinent (téléphones et autres), il est "disproportionné" de vouloir télécharger leurs vies entières», a également pointé Harriet Wistrich, directrice du Centre pour la justice des femmes (CWJ). D'autant que les smartphones peuvent contenir des données très personnelles, comme des dossiers médicaux, ou des informations qui pourraient être utilisées pour mettre en doute la crédibilité d'une victime. «Apparemment, nous voici de retour à l'époque sinistre où les victimes de viol étaient traitées comme des suspectes», déplore la militante auprès de la BBC.
A lire aussi : une enquête sur l'ONG EliseCare, plombée par des accusations de viols en Irak ; un portrait de la journaliste japonaise Shiori Ito, qui ose prendre la parole publiquement pour dénoncer son agresseur dans un pays où les violences sexuelles sont niées ; un reportage dans un centre d'accueil pour conjoints violents à Besançon ; le compte rendu du rapport annuel de SOS Homophobie, qui montre que les lesbiennes sont particulièrement ciblées et un suivi du procès pour diffamation contre Sandra Muller, initiatrice du mouvement #BalanceTonPorc.
Travail
Les employeurs plus intéressés par les candidats que les candidates
Les chiffres sont sans appel. D'après une étude réalisée par le réseau social professionnel Linkedin, relayée par le site spécialisé les Nouvelle news, les profils de femmes enregistrent sur la plateforme 13% de clics en moins que ceux des hommes de la part des employeurs. Ils ont aussi 3% moins de chances d'envoyer un message privé sur ce réseau à une femme après avoir consulté son profil. Plus de discours que d'actes, puisque près de trois quarts des entreprises interrogées ont affirmé que la parité est leur objectif numéro 1. Pourtant, les femmes consultent en France un peu plus d'offres d'emploi (41 offres consultées en moyenne, contre 37 pour les hommes) et se renseignent autant que les hommes sur l'entreprise avant de postuler (43%). Si en France, les femmes postulent à 2% moins d'offres que les hommes seulement (contre 20% au niveau mondial), elles sont 21% de moins à demander une recommandation. Un autre frein pour elles. Mais, quand elles postulent, les Françaises ont 2% plus de chance que les hommes d'être embauchées. Un taux bien moindre qu'au niveau mondial (16%). L'explication avancée est que les femmes postulent lorsqu'elles ont plus que les qualités requises alors que ce serait l'inverse chez les hommes.
Et aussi… on a lu la dernière revue Mage qui montre que dans le milieu du travail, les règles vestimentaires sont toujours régies par la norme du genre.
Education
Un concours interécoles pour féminiser les études d’ingénieurs
Lutter contre l'autocensure et convaincre les jeunes femmes de s'engager dans les filières d'ingénieurs : tels sont les objectifs des prix Ingénieuses, organisé par la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs qui récompense chaque année les femmes ingénieurs et les écoles qui favorisent la mixité parmi leurs étudiants. Le constat des organisateurs : les femmes s'orientent moins dans les filières scientifiques alors qu'elles représentent près de la moitié des lycéennes en terminale S. À la rentrée 2017-2018, la part des étudiantes dans les formations de type écoles d'ingénieurs s'élevait à peine plus de 27%.
Pour aider les jeunes femmes à se projeter dans ces carrières, le concours lancé en 2011 met en avant des ingénieures et des élèves ingénieures au parcours inspirant. Il distingue aussi des initiatives d'écoles d'ingénieurs «visant à encourager les jeunes filles à rejoindre leurs rangs», explique le magazine Forbes. Cette année, parmi les lauréats – qui se sont vu remettre leur prix au cours d'une cérémonie à Paris en mai – figure notamment l'Ennsi Poitiers, pour ses interventions auprès de collégiens autour des métiers scientifiques, ainsi que l'IMT Mines Albi-Carmau, pour un projet artistique mettant en parallèle des femmes peintes par Henri de Toulouse-Lautrec au XIXe siècle et des scientifiques du XXIe siècle.
Vie privée, maternité
Selon une étude, les femmes non-mariées et sans enfant sont plus heureuses
Qui a dit que le mariage et la maternité étaient les clés du bonheur ? Selon les dernières données récoltées par Paul Dolan, professeur de sciences du comportement à la London School of Economics et relayées par le Guardian, il n'en est rien. Lors du Hay festival au Pays de Galles, il a souligné : «Le sous-groupe de la population le plus heureux et en meilleure santé est les femmes jamais mariées et sans enfant.» Le chercheur a comparé le niveau de satisfaction des individus non mariés, mariés, divorcés, séparés ou veufs pour arriver à ce constat. Plus en détail, il a précisé que «les personnes mariées se disent plus heureuses que les autres sous-groupes de la population, mais seulement lorsque leur conjoint est dans la pièce. Quand leur époux ou leur épouse n'est pas là, elles se disent horriblement malheureuses». Les hommes tireraient des bénéfices de cette union, ils seraient plus «apaisés», gagneraient mieux leur vie, prendraient moins de risques et donc vivraient un peu plus longtemps. A contrario, les femmes verraient même leur espérance de vie réduite par rapport à celles qui auraient décidé de ne pas passer par la case alliance, avance l'universitaire. Une mise à mal des stéréotypes. Avec toutefois un bémol, les femmes non-mariées et sans enfant pouvant souffrir d'une stigmatisation sociale liée à leur statut.
Et aussi… Comme promis par Emmanuel Macron, les travailleuses indépendantes bénéficieront désormais d'un congé maternité aussi long que celui des salariées.
Choses lues, vues et entendues ailleurs que dans «Libé»
• Microsoft se lance dans la lutte contre le sexisme en faisant évoluer le correcteur orthographique de Word. Comme le rapporte le Huffington Post, un nouveau correcteur baptisé Ideas permettra de suggérer des terminaisons moins sexistes et discriminantes faisant la part belle à une écriture plus inclusive.
• La faible présence de femmes dans certains secteurs serait-elle favorisée par la pub ? C'est ce qu'évoque le Monde dans une chronique. Un travail de recherches mené par plusieurs établissements montre qu'une fille a beaucoup moins de chances de voir une pub pour une école d'ingénieur ou une école du numérique sur Internet.
• En Espagne, où les tâches ménagères sont, comme en France, très mal réparties entre les sexes (les femmes y consacrent deux heures de plus que les hommes), un établissement privé situé à Vigo (sur la côte ouest), initie les garçons de 4e cycle (seconde) aux tâches ménagères pour sensibiliser à la charge mentale, rapporte Demain.
• Le début de la Coupe du monde de foot féminine se rapproche. Une de l'Equipe, matches diffusés sur TF1, Canal+ et RMC, suivi de la compétition dans les journaux généralisation, focus sur une médiatisation historique dans les Nouvelles news.
• Retour sur la figure de la «garce», terme désuet comme violent, des teen movies aux séries noires avec Cheek Magazine. Qui est-elle et faut-elle la célébrer ?
• Aussi étonnant que ça puisse paraître, des Youtubeuses conseillent de se mettre de l'ail dans le vagin… et des femmes le font vraiment. La journaliste Giulia Foïs parle de cette très mauvaise idée dans sa chronique sur France Inter.
• Enfin, le site Quartz at Work (en anglais) parle de l'effet étonnant de l'instauration du congé paternité en Espagne. Des chercheurs ont en effet constaté les hommes espagnols désirent moins d'enfants qu'auparavant.
• Sur Loopsider, rencontre avec la journaliste Clarence Edgard-Rosa qui milite dans son livre Connais-toi toi-même (éditions La Musardine) pour l'auto-exploration du sexe féminin. Une connaissance de son corps nécessaire à l'émancipation.