Diversité
Autre constat dans le rapport, l’héroïne, opioïde le plus consommé en Europe, serait désormais produite plus près des marchés de consommation européens. Des laboratoires fabricant de l’héroïne à partir de morphine ont en effet été découverts en Bulgarie, République Tchèque, Espagne et aux Pays-Bas et les saisies de morphine et d’opium, nécessaires à la production de l’héroïne, ont largement augmenté. En 2017, 37 000 saisies ont été rapportées au sein de l’UE, représentant 5,4 tonnes d’héroïne confisquées. En 2016, pour le même nombre de saisies, l’observatoire n’avait comptabilisé que 4,2 tonnes. La Turquie, non inclue dans ces 5,4 tonnes, recense 17,5 tonnes d’héroïne pour 12 900 saisies, une quantité trois fois plus importante que l’ensemble des pays de l’UE.
Amphétamine, méthamphétamine, MDMA/ecstasy, LSD, GHB, kétamine, substances de synthèse… La diversité de substances recensées est complète et grandit. Mais les saisies restent moins nombreuses en nombre et en quantité, excepté pour les méthamphétamines, confisquées à hauteur de 7 tonnes. Par ailleurs, près de 300 laboratoires de méthamphétamine ont été signalés en Europe, dont 260 seraient situés en République tchèque.
Géolocalisation de la consommation
Outre le nombre de saisies, le rapport identifie également les lieux de consommation des différentes substances, en analysant les eaux usées. Cette méthode permet d'estimer les consommations de drogues à partir des concentrations de résidus mesurées dans les eaux brutes, c'est-à-dire les eaux non traitées. Des échantillons d'eau sont prélevés dans différentes stations d'épuration et sont analysés afin de trouver différentes sortes de résidus : des biomarqueurs urinaires (des caractéristiques mesurables) de la drogue mère (la substance utilisée), qui permettent notamment d'identifier la consommation d'amphétamine, de méthamphétamine et de MDMA/ecstasy, et les principaux métabolites urinaires (c'est-à-dire les substances produites lorsque l'organisme décompose les drogues) de la cocaïne et du cannabis.
En prenant en compte ces paramètres et en les associant avec le taux d’élimination de la drogue, le volume d’eau journalier à l’entrée de la station d’épuration et le nombre d’habitants raccordés à cette station, il est possible d’obtenir un aperçu des volumes de drogues consommées au niveau local dans les villes européennes. Ainsi, l’Observatoire a découvert que les hauts lieux de consommation de cocaïne en Europe étaient Bristol, Amsterdam, Barcelone et Paris, quand ceux de l’ecstasy étaient Berlin, Lisbonne, Barcelone et Helsinki.