Si la Coupe du monde féminine de football a démarré en fanfare à Paris vendredi au Parc des Princes, l'équipe libyenne est toujours confrontée à des tentatives très fortes de mise à l'écart. C'est ce que raconte le documentaire «Freedom Fields» («Les chants de la liberté») de Naziha Arebi, qui a ouvert la 7e édition du festival La Lucarne (le festival du film de football en France), en suivant des joueuses de leur entraînement jusque chez elles.
Après la chute de Kadhafi les joueuses de l'équipe ont pu sortir des gymnases pour se constituer en véritable sélection, portées par l'espoir du Printemps arabe. Un élan stoppé net ces dernières années par la guerre civile qui ravage leur pays.
«L'équipe féminine de football, est-ce cela qui manque à la Libye?», compte parmi les messages de décrédibilisation, proférés dans la Libye post-révolutionnaire, notamment par un imam dans une mosquée et relayés sur plusieurs chaînes de télévision pour dissuader l'équipe de participer à des tournois à l'étranger et la priver du statut d'«équipe nationale».
Des associations, qui voient dans la composition féminine de l'équipe un élan d'«occidentalisation» des mœurs, vont jusqu'à qualifier le ballon rond de «mal en soi» pouvant déboucher sur d'autres «dérives» impliquant la nudité, comme la course à pied et la natation.
Très vite, cette équipe féminine est devenue le terrain de crispation entre les partisans de la liberté et ceux de l’extrémisme religieux. Bien au-delà du football. Assaillies de menaces, les joueuses ont dû s’entraîner en cachette sous la protection d’hommes armés et décliner leur participation à des matchs à l’extérieur du pays, y compris à des rencontres amicales comme en 2013 en Allemagne. Leur premier match officiel n’a eu lieu qu’en mars 2016 contre l’Égypte dans le cadre des qualifications pour la Coupe d’Afrique des nations féminine… Comme on pouvait le pressentir vu le manque d’entraînement et de matchs disputés par l’équipe, la rencontre s’est soldée par une cuisante défaite à 8-0.
Ainsi, au moment même où la Coupe du monde féminine de football est enfin en passe de redonner ses lettres de noblesse à ce sport, l’équipe lybienne, née après Kadhafi semble avoir en grande partie perdu sa consistance sportive et ne garder qu’une valeur de témoignage, telle qu’elle apparaît dans ce documentaire.
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