Le gouvernement de Hongkong a refusé lundi d'enterrer un projet de loi controversé qui permettra les extraditions vers la Chine, en dépit d'une manifestation monstre contre ce texte la veille dans l'ancienne colonie britannique. Pékin a d'ailleurs promis de «soutenir fermement» la cheffe de l'exécutif, Carrie Lam, et a réaffirmé que le Conseil législatif, le Parlement local, examinerait ce mardi le texte de loi.
Dimanche, plus d'un million de personnes étaient dans la rue pour dire «non à la légalisation des enlèvements de Hongkongais vers la Chine» et non aux autorités locales, vues comme des «pantins» de Pékin.
Les Hongkongais pensaient être protégés sur leur territoire grâce au principe «un pays, deux systèmes», qui leur garantit un large degré d’autonomie depuis la rétrocession de la région à la Chine en 1997 et ce, en théorie, jusqu’en 2047. Mais les coups de boutoir contre ces libertés se font de plus en plus violents. L’extradition vers la Chine continentale ébranlerait définitivement les fondations de cette autonomie.
Tout est parti du meurtre sordide d’une Hongkongaise commis à Taiwan en février 2018. Le principal suspect, un Hongkongais, n’a pas pu être extradé à Taiwan et n’a pas pu non plus être jugé depuis Hongkong du fait de la législation actuelle. Le gouvernement a sauté sur ce prétexte pour dégainer son projet, qu’il entend faire adopter au pas de charge.
Le texte prévoit des extraditions, au cas par cas, vers les juridictions avec lesquelles Hongkong n'a pas signé d'accord, dont la Chine continentale. Cela permettrait, selon le gouvernement, de pallier un «vide juridique» et d'éviter que Hongkong ne soit un «sanctuaire d'officiels chinois corrompus» et «un repaire de criminels».
Depuis des semaines, les pétitions tous azimuts se sont multipliées, des milliers d'avocats ont manifesté, des banderoles ont été déployées à flanc de montagne et sur les bords de route. Même les milieux d'affaires et la communauté internationale ont rejoint le concert des critiques, Chris Patten en tête. Le dernier gouverneur britannique de Hongkong a estimé jeudi que le projet d'extradition serait un «coup terrible» porté à l'Etat de droit, à la stabilité et la sécurité de Hongkong, ainsi qu'à la réputation de place financière.