Député européen depuis 2004, ce membre de la très conservatrice CSU, la branche bavaroise de la CDU allemande, est largement inconnu du grand public et même des chefs d’Etat et de gouvernement. Ainsi, avant la campagne des européennes, seuls 25 % des Allemands avaient entendu parler de lui. Ingénieur de formation, c’est un pur produit de l’UE, puisqu’il a fait toute sa carrière à Bruxelles. D’abord député de base, il succède en 2014 au Français Joseph Daul, élu à la tête du PPE (le parti), à la présidence du groupe PPE du Parlement. Sa désignation comme tête de liste du parti conservateur européen est une surprise car il n’a jamais été ni Premier ministre ni même ministre, et ne parle pas français (et un anglais basique) : or il s’agit de deux exigences posées par les Etats pour occuper la fonction de président de la Commission européenne.
L’outsider (socialiste) : Frans Timmermans
Socialiste néerlandais, ce polyglotte (il parle sept langues, dont le français) de 58 ans est le commissaire sortant chargé de l’Etat de droit. C’est à ce titre qu’il a bataillé contre les dérives autoritaires des pays d’Europe de l’Est (Pologne, Hongrie, Roumanie), ce qui lui vaut de solides inimitiés. Ancien ministre dans son pays (d’abord secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères de 2007 à 2010, puis ministre des Affaires étrangères jusqu’en 2014), il s’est fait connaître sur la scène internationale à la suite du crash du vol MH17 au-dessus de l’Ukraine (juillet 2014) lorsqu’il prononce un discours remarqué devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Cependant, Timmermans n’a guère brillé au sein de la Commission sortante : tenu en piètre estime par Jean-Claude Juncker et son tout puissant chef de cabinet, Martin Selmayr, il a été totalement marginalisé.
La pugnace (libérale) : Margrethe Vestager
Issue du parti social-libéral danois, la plus pugnace des commissaires européens sortants est auréolée du combat qu'elle a mené contre les géants du numérique à Bruxelles au nom de la lutte contre les monopoles et l'optimisation fiscale. Appréciée par la France – jusqu'à ce qu'elle bloque la fusion Alstom-Siemens au nom de la protection des consommateurs –, cette francophile de 51 ans, qui passe ses vacances sur l'île d'Oléron, appartient, comme LREM, à la famille libérale européenne. «Toujours candidate» malgré les réticences de la droite et des sociaux-démocrates partis avant elle dans la course, certains lui reprochent d'avoir été peu active dans la campagne. Cette outsider s'est engagée à faire respecter la parité dans la future Commission et espère créer la surprise en s'imposant comme un compromis en cas d'échec des deux principaux blocs à se mettre d'accord.
Le recours (PPE-Centriste) : Michel Barnier
Sans jamais se déclarer, ce gaulliste à l'ancienne – élu pour la première fois député RPR en 1978 – s'est solidement installé dans la confortable position du recours. Quelques semaines avant les élections européennes, il avait pris soin de faire passer deux messages apparemment contradictoires. Tout en proclamant sur RTL sa fidélité à sa «famille politique», il affichait dans le Journal du Dimanche sa Macron-compatibilité. En somme, il faisait savoir qu'il votait pour la liste LR menée par Bellamy et qu'en même temps il soutenait le projet «progressiste» de LREM porté par Loiseau. Quatre fois ministre en France, deux fois commissaire européen, négociateur en chef de l'UE pour le Brexit : le non-candidat Michel Barnier, membre du PPE, serait, aux yeux de Macron, la meilleure alternative possible face au candidat allemand, l'inexpérimenté Manfred Weber.