Le drone américain abattu par Téhéran jeudi semble annoncer un renforcement des tensions entre les deux pays. Après avoir laissé entendre la possibilité d’une réponse militaire, Trump s’est ravisé, tout en maintenant ses menaces de représailles contre Téhéran. Ce week-end, l’Iran a envoyé des signaux forts pour l’en dissuader.
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Samedi, l'armée iranienne a averti les Etats-Unis que la moindre attaque contre son territoire aurait, selon elle, des conséquences dévastatrices pour les intérêts américains dans la région. «Tirer une balle en direction de l'Iran mettra le feu aux intérêts de l'Amérique et de ses alliés» dans la région, a déclaré le général de brigade Abolfazl Shekarchi, porte-parole de l'état-major conjoint des forces armées iraniennes dans un entretien à l'agence Tasnim.
Nouvelles sanctions contre l’Iran
En pleines tensions avec Téhéran, le président américain Donald Trump a assuré le même jour que si l'Iran renonçait à son programme nucléaire, il deviendrait son «meilleur ami». «Nous n'allons pas laisser l'Iran se doter de l'arme nucléaire et quand ils auront accepté cela, ils auront un pays riche, ils seront tellement heureux et je serai leur meilleur ami. J'espère que ça va arriver», a lancé Donald Trump à la presse dans les jardins de la Maison Blanche. Quelques heures plus tard, le ton était tout autre. Il a annoncé sur Twitter que les Etats-Unis imposeraient lundi de nouvelles sanctions «majeures» contre l'Iran.
Dimanche, les joutes verbales ont continué par la voix de John Bolton, conseiller à la sécurité nationale du président américain : «Ni l'Iran ni aucun autre acteur hostile ne devrait confondre prudence et retenue de la part des États-Unis avec de la faiblesse», a-t-il déclaré, avant une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. «Nos forces armées sont prêtes à agir», a-t-il ajouté.
Une autre intrusion de drone
Ajoutant de l'huile sur le feu, l'Iran a fait état dimanche d'un précédent incident impliquant «l'intrusion» d'un drone d'attaque «espion» américain dans son espace aérien fin mai. Dans un message sur Twitter, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif affirme que le drone en question était un «MQ9» (code du drone de surveillance et d'attaque américain Predator B) et que l'incident s'est produit le 26 mai. Selon Kamal Kharazi, haut responsable aux Affaires étrangères iraniennes, cet incident est une «preuve» supplémentaire que «la bande à Bolton était à deux doigts d'entraîner (Trump) dans le piège d'une guerre» contre l'Iran. «La prudence a permis d'éviter cela, mais le #TerrorismeEconomique provoque des tensions», ajoute-t-il, en allusion aux sanctions économiques américaines imposées à l'Iran.
Selon le Washington Post et Yahoo! News, le président américain a aussi autorisé secrètement des représailles sous forme de cyberattaques contre les systèmes de défense iraniens. Le Pentagone s'est refusé à tout commentaire. D'après le quotidien américain, ces cyberattaques, planifiées depuis plusieurs semaines, avaient été initialement proposées par les militaires américains comme riposte contre les attaques mi-juin contre des pétroliers dans le détroit d'Ormuz. En début de soirée, Téhéran n'avait pas encore réagi officiellement à ces informations.
«Désamorcer la tension»
Tentant d'apaiser la situation, Brian Hook l'émissaire américain pour l'Iran a appelé au Koweït «tous les pays à convaincre l'Iran de désamorcer la tension». Au cours d'une conférence de presse, le diplomate a assuré que les Etats-Unis «n'ont aucun intérêt à une confrontation militaire avec l'Iran». «Nous avons renforcé notre dispositif dans la région pour des raisons purement défensives», a-t-il ajouté.
Les Emirats arabes unis ont d'ailleurs exhorté dimanche au dialogue pour réduire ces tensions. «Les tensions dans le Golfe ne peuvent être réglées que par des moyens politiques», a écrit sur Twitter le ministre d'Etat aux Affaires étrangères, Anwar Gargash. «La crise qui se prépare depuis longtemps exige […] de trouver des solutions politiques par le dialogue et les négociations», a-t-il insisté.
Envoyé à Téhéran afin de faire baisser la tension, le ministre d'Etat britannique Andrew Murrison a été fraîchement reçu. Kamal Kharazi a regretté le caractère «répétitif» des déclarations britanniques et européennes et reproché à Londres d'être alignée sur Washington.