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Libération

Etrangères tuées à Chypre : perpétuité pour le serial-killer

publié le 25 juin 2019 à 20h56
(mis à jour le 25 juin 2019 à 20h56)

Sierra Granze Seucalliuc avait 6 ans. Cette petite brune au visage poupin vivait du côté grec de Chypre avec sa mère. Le 12 juin, les autorités ont repêché son corps, enroulé dans un drap et accroché à un bloc de ciment, à six mètres de profondeur dans le lac de Memi, situé à une quinzaine de kilomètres au sud de la ligne verte, qui marque la séparation avec la partie turque de l’île (au nord). Cette jeune Philippine est la dernière des sept victimes du Chypriote grec Nicos Metaxas à avoir été retrouvée.

Ce tueur en série a été condamné à sept peines de prison à vie, lundi, à Nicosie, après avoir plaidé coupable pour douze chefs d’accusation, dont la préméditation des meurtres. Dans cette île au taux de criminalité relativement faible, il s’agit d’une première. Ce militaire de 35 ans, père de deux enfants, aurait sévi entre septembre 2016 et l’été 2018 en ciblant des travailleuses domestiques d’origine étrangère et leurs filles, des profils qui expliqueraient en partie la longueur de l’enquête.

La première victime a été découverte par un touriste allemand le 14 avril. Le corps de Mary Rose Tiburcio, 38 ans, mère de la petite Sierra Granze Seucalliuc, se trouvait à 15-20 mètres de profondeur. Nicos Metaxas aurait étranglé ces deux migrantes philippines, comme la plupart des autres.

Coup. Arrêté quatre jours plus tard, le meurtrier a confessé les sept crimes et coopéré pour retrouver les six corps toujours disparus. Sans fournir d'explications. «La société chypriote se demandera comment un de ses membres a pu tomber si bas, a déclaré Nicos Metaxas pendant son procès. Je me suis aussi demandé pourquoi. Je n'ai pas encore réussi à trouver la réponse.»

Le deuxième corps sans vie, repêché une semaine après dans le même puits, a permis d’identifier Arian Palanas Lozano, 28 ans, originaire des Philippines. Quelques jours se sont écoulés avant qu’une troisième femme, Asmita Khadka Bista, 30 ans, s’ajoute à la liste. Contrairement aux autres, elle aurait été assassinée d’un coup à la tête.

Les deux suivantes, la Roumaine Livia Florentina Bunea, 36 ans, et sa fille Elena Natalia Bunea, 8 ans, ont été retrouvées les 28 avril et 5 mai dans des valises au fond du lac Rouge de Mitsero, une étendue d’eau toxique. Début juin, les autorités ont mis la main sur une troisième valise dans laquelle reposait Maricar Valdez Arquiola, 30 ans, originaire des Philippines. Avant de remonter le petit corps de Sierra Granze Seucalliuc.

«Indifférence». Ces recherches macabres auraient pu être entreprises dès 2016, date du signalement de la disparition de la Roumaine et de sa fille. «L'enquête aurait certainement été plus rapide si les victimes avaient été chypriotes», regrette Maria Mappouridou, organisatrice de deux rassemblements, les 26 avril et 3 mai, «contre l'indifférence de la police et du gouvernement face à la disparition de ces femmes». Ces actions, explique la Chypriote à Libération, visaient aussi à la démission du ministre de la Justice, Ionas Nicolaou, et au limogeage du chef de la police Zacharias Chrysostomou. Les deux responsables ont été virés les 2 et 3 mai.