Le gouvernement vénézuélien a annoncé mercredi avoir déjoué une tentative de «coup d'Etat» militaire impliquant les Etats-Unis, la Colombie, le Chili et des «mercenaires israéliens». L'objectif aurait été d'assassiner le président socialiste Nicolás Maduro, sa femme Cilia Flores et le président de l'Assemblée constituante, Diosdado Cabello. L'autre partie du plan aurait consisté à libérer le général Raúl Isaías Baduel, ex-ministre de la Défense emprisonné depuis 2009.
Cet ancien proche de Hugo Chávez, condamné pour corruption, aurait alors été nommé président par les supposés putschistes. «Nous avons assisté à toutes les réunions de planification du coup d'Etat», a asséné à la télévision le ministre de la Communication, Jorge Rodríguez. Des agents gouvernementaux auraient infiltré ce complot impliquant des militaires actifs et en retraite ainsi qu'un ancien chef du renseignement. Le coup de force était programmé entre dimanche et lundi, a précisé le ministre, qui a offert un luxe de détails sur les préparatifs et montré un organigramme de la conspiration, où ne figure aucun gradé de haut rang. Les téléspectateurs ont pu en outre assister à la longue déclaration d'un jeune militaire présenté comme une des taupes du régime.
Si elle est réelle, la tentative s'ajoute à plusieurs épisodes présentés ces derniers mois comme des coups d'Etat déjoués par le gouvernement. Leur point commun : tous étaient d'une ampleur limitée, sans la moindre possibilité de faire vaciller le régime. En août 2018, un drone piégé explosait au nez du Président lors d'un défilé militaire, provoquant la débandade de la troupe mais aucun dégât. En janvier, une modeste révolte était rapidement matée. Plus grave : le 30 avril, l'opposant Leopoldo López quittait son domicile de Caracas, où il purgeait une lourde condamnation, avec la complicité d'agents du Sebin, l'agence de contre-intelligence militaire. Il a ensuite quitté le Venezuela et obtenu l'asile politique en Espagne. La fuite a été rendue possible par l'ex-directeur du Sebin, le général Christopher Figuera, qui a fait défection et s'est réfugié en Colombie. Lundi, il avait accordé une interview au Washington Post : «Pour le moment, le régime nous a damé le pion. Mais cela pourrait changer rapidement», estimait le militaire, qui formulait également de graves accusations de corruption contre de hauts responsables du pouvoir et des membres de la famille de Maduro.