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Libération
Éditorial

Inattendu

publié le 2 juillet 2019 à 21h16

Deux femmes à deux postes clés : l’Union européenne vient à coup sûr de marquer un point en progressant de manière spectaculaire vers la parité dans l’attribution des responsabilités continentales. L’Union sur l’échiquier mondial aura donc le double visage avenant d’Ursula von der Leyen et de Christine Lagarde, qui ne sont certes pas des femmes de gauche mais ont fait preuve dans leurs responsabilités antérieures de compétence et, pour l’Allemande en tout cas, d’une bienveillance indiscutable. La cause des femmes y gagne, c’est l’évidence. Emmanuel Macron aussi : il a suggéré le nom de la ministre allemande, francophone et francophile, proche de ses positions sur la défense européenne, de tempérament fédéraliste comme lui. Il a obtenu en échange la nomination d’une Française plutôt pragmatique et respectée qui passe du FMI à la Banque centrale européenne, poste décisif en ces temps de dette menaçante et de troubles financiers persistants (même si elle a eu maille à partir avec la justice dans l’affaire Tapie). Macron peut se targuer d’avoir fait bouger l’Europe, un de ses leitmotivs, tout en flattant l’orgueil national. Une ombre au tableau, tout de même : ce compromis inattendu - personne ne parlait de ces deux femmes il y a une semaine - résulte aussi d’un succès tactique de Viktor Orbán, qui a ameuté le groupe de Visegrád (les pays de l’Est les plus hostiles à l’immigration) pour bloquer la candidature de Frans Timmermans, social-démocrate néerlandais coupable d’avoir voulu sanctionner la Hongrie pour manquements aux règles démocratiques. A cela s’ajoute le fait que les deux impétrantes sont d’orientation plutôt conservatrice, même si l’Allemande s’est distinguée par des positions progressistes en matière sociale. Mais soyons positifs : l’Europe de nos rêves ne se fera pas en un jour. Elle a fait un pas dans la bonne direction. Tout bien pesé, c’est une bonne nouvelle.