Elles ne ramèneront probablement pas la Coupe du monde à la Maison Blanche. C'est en tout cas ce qu'a affirmé Megan Rapinoe, la star de l'équipe américaine de football lors d'une interview mardi sur CNN. L'affirmation fait suite à une polémique déclenchée alors que la compétition était toujours en cours : Rapinoe déclarait dans une vidéo qu'elle «n'ira[it] pas à la putain de Maison Blanche». Le président américain, Donald Trump, n'avait pas tardé à commenter sur Twitter dans son style fleuri habituel :«Megan devrait d'abord GAGNER avant de PARLER ! Termine le Travail !» Il avait cependant indiqué qu'il inviterait l'équipe quel que soit le résultat.
Rapinoe et ses 22 coéquipières ont bien terminé le travail. Elles sont championnes du monde, un titre qui, habituellement s'accompagne d'une visite à la résidence présidentielle. En 2015, quand elles avaient déjà remporté la compétition, le président d'alors, Barack Obama, les y avait conviées. Mais aujourd'hui, l'invitation tarde.
Interpellé par des reporters, Donald Trump a botté en touche et expliqué «qu'on n'y a pas vraiment réfléchi, mais nous allons certainement nous pencher sur la question». La capitaine de l'équipe, réputée pour sa franchise, est plus directe : «Nous ne voulons pas aller à la Maison Blanche, c'est pour ça que l'invitation n'est pas encore arrivée.» Avec une note d'ironie, Rapinoe, sacrée meilleure joueuse et buteuse de la compétition, suggère «qu'il l'a peut-être envoyée par la poste, ça prend donc un peu de temps».
«Vous m’excluez»
La victoire des Américaines a pris une tournure très politique. Dans une autre interview sur ESPN, Megan Rapinoe s'est exprimée sur l'importance de ce Mondial : «En 2015, c'était une victoire de football, aujourd'hui, la victoire va tellement au-delà du sport. […] Nous faisons partie d'un mouvement qui va tellement au-delà du football, que ce soit au sujet des salaires égaux ou des droits égaux, c'est un tournant dans l'histoire.»
Dans un passage marquant de son interview sur CNN, la capitaine des «Stars and Stripes», ouvertement lesbienne, s'est vu demander ce qu'elle voudrait dire au président Trump. Elle s'est alors tournée vers la caméra, et avec un regard glacial a déclaré : «Votre message exclut les gens. Vous m'excluez. Vous excluez les gens qui me ressemblent.»
Au cours des deux premières années du mandat de Donald Trump, seule la moitié des 20 équipes vainqueures de grandes compétitions ont été reçues à Washington. Certaines n'ont pas été invitées, d'autres ont refusé des invitations. Les championnes du monde, elles, ont encore plus de panache. Elles refusent une invitation qui n'a même pas été envoyée.