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Libération

Retour enrayé pour Ehud Barak

publié le 19 juillet 2019 à 20h46

Il en brûlait d’envie depuis des années. Finalement, fin juin, l’ex-Premier ministre israélien a annoncé son come-back. Sans parti et quasi sans soutien, avec pour seule ambition de détrôner Benyamin Nétanyahou. Exploit que l’ancien travailliste reste le seul à avoir accompli en mettant fin au premier mandat du chef du Likoud, en 1999.

Comme si l'ex-baroudeur des forces spéciales se lançait dans une ultime mission commando. Le plan de bataille de l'ancien chef d'état-major de 77 ans devait se jouer en deux temps. D'abord, prendre le leadership d'une gauche groggy, en forçant les travaillistes et le Meretz (le parti du «camp de la paix») à fusionner avec sa liste d'ici au 1er août. Puis, passé le scrutin du 17 septembre, il entendait former une large coalition de centre gauche avec le général Benny Gantz, qui avait fait jeu égal avec Nétanyahou lors des dernières élections. Barak voulait se présenter en sauveur de la démocratie et «du futur du projet sioniste», face à un Nétanyahou acculé par les affaires qui en serait le double fossoyeur.

Las, cette belle mécanique s'est enrayée aussitôt lancée, entachée par les éclaboussures boueuses de l'affaire Jeffrey Epstein. Depuis l'arrestation début juillet du milliardaire américain, pas un jour n'a passé sans qu'Ehud Barak n'ait eu à se défendre. L'homme d'affaires, qui aurait été présenté à Barak par Shimon Pérès au début des années 2000, a ainsi versé plus de 2 millions de dollars à l'ex-Premier ministre en 2004 pour un prétendu rapport sur la jeunesse juive jamais publié, et a financé le lancement d'une de ses start-up en 2015.

«Il faut voir si cette affaire finit par se tasser, mais c'est déjà un vrai gâchis, note un spin doctor proche de la gauche israélienne. Barak est l'un des derniers ténors à se revendiquer ouvertement de gauche, à affirmer que la recherche d'une solution au conflit avec les Palestiniens est prioritaire.» Mais le conseiller reconnaît que l'ex-Premier ministre, «qui a dormi jusqu'à quarante ans dans des lits de camp», a pu succomber à une boulimie affairiste, multipliant les placements et monnayant son carnet d'adresses. Reste à voir s'il saura s'échapper de ce bourbier.