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Terre d'actions

Comment instagrammer de manière responsable cet été

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Depuis lundi, le WWF France encourage les utilisateurs du réseau social à protéger les sites naturels en leur associant une localisation fictive.
Un touriste se prend en photo sur le sommet du Rigi, en Suisse, en 2018. (Photo Arnd Wiegmann. Reuters)
publié le 20 juillet 2019 à 15h30
Retrouvez tous les samedis dans la chronique «Terre d’actions» des initiatives pratiques et écolos en France et dans le monde.

Cet été, continuons à alimenter notre fil Instagram de petites criques et de plages secrètes si cela nous chante… mais cessons de révéler leur position sur la carte. Lancée lundi par le WWF France dans le cadre de sa campagne internationale contre la pollution plastique, une localisation fictive baptisée «I protect nature» entend limiter les attroupements importants de vacanciers aux mêmes endroits, et protéger ainsi les sites naturels et la biodiversité du tourisme de masse.

Entre les «piétinements», les touristes qui «dérangent la faune» et les «déchets plastiques qu'ils laissent derrière eux», la nature sort rarement indemne, souligne Arnaud Gauffier, porte-parole du WWF France. D'autant que bien souvent, «ces sites naturels sont dépourvus d'infrastructures et ne permettent pas de recueillir les ordures». Les parcs nationaux, comme celui des Calanques, et les îles Lavezzi, au large de Bonifacio, ne sont pas épargnés par cette surfréquentation. La Méditerranée en fait largement les frais : d'après un rapport de l'ONG, la France a rejeté 80 000 tonnes de déchets plastiques dans la nature en 2016, dont plus de 10 000 ont fini dans la mer.

Responsabiliser

«Le fait qu'on ait beaucoup de monde sur ces sites est en partie dû à Instagram, et aux utilisateurs qui découvrent et partagent des sites naturels peu connus», avance Arnaud Gauffier. Rien qu'en France, le réseau social compte 14 millions d'utilisateurs actifs mensuels, soit 21% de la population. Et les «influenceurs voyage», globe-trotteurs aux centaines de milliers d'abonnés, se multiplient.

Si l'initiative du WWF est novatrice, elle soulève un problème déjà bien connu. Pour se moquer du manque d'originalité des touristes sur Instagram, le compte Insta Repeat compile des photos de vacances sensiblement identiques. Mais au-delà de leur conformisme, certaines pratiques, comme l'empilage de galets – désigné sous le hashtag #Stonestacking, qui recueille plus de 23 000 occurrences sur le réseau social – présente un réel danger pour la faune (destruction des habitats naturels, de nids d'oiseaux…) et dénature le paysage. Idem pour les selfies avec les animaux sauvages : certains hashtags, comme #Koalaselfie, génèrent désormais un message de sensibilisation sur Instagram, appelant à «protéger la vie sauvage». Obtenir des «J'aime» sans déranger ni endommager la nature, le défi de l'été ?