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Libération

Berlin réfléchit à la mise en place d’une taxe carbone

par Déborah Berlioz, (à Berlin)
publié le 21 juillet 2019 à 20h26

Depuis quelques mois, la taxe carbone est débattue partout en Allemagne. Elle était même à l'ordre du jour de la traditionnelle conférence de presse estivale d'Angela Merkel, vendredi. «Le mouvement Fridays for Future a eu beaucoup de succès en Allemagne, précise Thorsten Lenck, du think-tank Agora Energiewende. Ces jeunes qui manifestent tous les vendredis pour le climat ont déclenché une réelle prise de conscience ici.» Certes, la mobilisation lancée par Greta Thunberg a forcé le gouvernement allemand «à accélérer les choses, a reconnu la chancelière vendredi. Mais nous ne l'avons pas attendue pour agir.»

En 2007, l'Allemagne s'est fixé des objectifs ambitieux, visant une baisse des émissions de C02 de 40 % d'ici à 2020 par rapport à 1990, et de 55 % d'ici à 2030. Malgré un fort développement des énergies renouvelables, le pays est loin du compte. A ce jour, la baisse n'est que de 32 %. Pour redresser la barre, la coalition au pouvoir veut adopter une loi sur la protection du climat avant la fin de l'année. Continuer le développement de l'éolien, fermer les centrales à charbon… Les idées sont légion pour permettre à l'Allemagne de moins polluer. Cependant la chancelière le dit elle-même : «une tarification du CO2 est le moyen le plus efficace» pour favoriser des comportements plus respectueux de l'environnement. Reste à savoir comment la mettre en place.

La ministre fédérale de l'Environnement, la sociale-démocrate Svenja Schulze, milite depuis plusieurs mois déjà pour l'instauration d'une taxe carbone sur toutes les activités émettant du CO2. Mais son idée n'enthousiasme pas les conservateurs, ses partenaires au gouvernement.Ceux-ci privilégient davantage une réforme du système européen d'échange de quotas d'émissions. Sauf que la machine européenne est longue à la détente, et l'Allemagne n'a pas de temps à perdre si elle veut atteindre ses objectifs. Aussi l'idée d'un système de certificats à l'échelle nationale gagne du terrain.

Plusieurs experts recommandent de commencer par une taxe carbone entre 35 et 50 euros par tonne de CO2 produite. Les conducteurs devraient ainsi payer 14 centimes d'euros de plus par litre d'essence. Quant à celui qui chauffe son appartement de 80 m2 au gaz, il verrait sa facture croître de 45 euros par an. Des chiffres qui agitent le spectre de gilets jaunes comme en France.