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Libération
Tensions

Cachemire : un premier mort dans les manifestations depuis la révocation de l’autonomie de la région

Conflit entre l'Inde et le Pakistandossier
Pourchassé par les forces de l'ordre indiennes, un manifestant est mort après avoir sauté dans la rivière Jhelum, qui traverse la ville de Sinagar, haut lieu de contestation du gouvernement. Islamabad a annoncé l'expulsion de l'ambassadeur indien au Pakistan.
Des militants du groupe «Forum de la jeunesse pour le Cachemire» crient des slogans en brûlant une photo du Premier ministre indien Narendra Modi et du drapeau indien lors d'une manifestation à Lahore, le 7 août 2019 (Photo Arif Ali. AFP)
publié le 7 août 2019 à 19h23

La tension est montée d’un cran dans le Cachemire indien. Mardi matin, un manifestant a été tué. C’est le premier depuis l’annonce surprise, la veille, du Premier ministre indien, Narendra Modi. Ce dernier a en effet décidé de révoquer par décret présidentiel l’autonomie constitutionnelle du Jammu-et-Cachemire, Etat du nord de l’Inde à majorité musulmane, et fait voter sa dislocation par le Parlement. Pourchassé par les forces de l’ordre indiennes, le jeune protestataire «a sauté dans la rivière Jhelum et est mort», a indiqué un responsable de la police locale à l’AFP. La course-poursuite est survenue dans la vieille ville de Srinagar, un haut lieu de la contestation du pouvoir indien et du gouvernement nationaliste hindou. Malgré l’interdiction de rassemblements publics et la volonté indienne de confiner les habitants de la région, des manifestations ont aussi fait six blessés. Ce dernier événement risque d’embraser un peu plus une situation déjà explosive.

Black-out total

Barrages policiers et militaires, communications coupées, couvre-feu imposé : le Cachemire vit actuellement dans un black-out total. Depuis une semaine, New Delhi a dépêché 80 000 paramilitaires en renfort pour venir épauler les 700 000 soldats déjà présents sur place. Sous prétexte d’attentats imminents, les touristes ont également été contraints de partir, et des centaines de responsables politiques locaux ont été arrêtées. Le gouvernement indien justifie de telles mesures afin d’assurer la paix dans la région. Une région en proie à une insurrection séparatiste qui, en trois décennies, a coûté la vie à plus de 70 000 personnes, dont principalement des civils.

Le Pakistan «condamne fortement et rejette l’annonce» de l’Inde, qui fait perdre au Jammu-et-Cachemire son statut d’Etat fédéré, pour être rétrogradé au statut de «territoire de l’Union». Rivales, les deux puissances nucléaires se disputent la souveraineté de l’ensemble du Cachemire. Et ce depuis 1947, date de partition des deux pays. Islamabad a d’ailleurs annoncé mercredi l’expulsion de l’ambassadeur indien et la suspension du commerce bilatéral avec New Delhi. «Nous allons rappeler notre ambassadeur à Delhi et renvoyer le leur», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi, à la télévision pakistanaise ARY News.