«Epstein est parti, mais la justice doit encore être rendue, réclamait samedi Jennifer Araoz, qui accuse le milliardaire américain de l'avoir violée à l'âge de 15 ans, après avoir été recrutée à la sortie de son lycée. J'espère que les autorités poursuivront en justice ses complices et acolytes, et donneront des réparations à ses victimes.» Jeffrey Epstein, 66 ans, homme d'affaires ayant fait fortune à Wall Street et au carnet d'adresses truffé de puissants du monde entier, a été retrouvé pendu dans sa cellule du Metropolitan Correctional Center à Manhattan (New York), samedi au petit matin. Un «suicide apparent», selon un communiqué de l'administration pénitentiaire, sur lequel enquête désormais le FBI.
Une fois le choc de la nouvelle passé, de nombreuses femmes identifiées par la justice, ou ayant témoigné publiquement des abus sexuels perpétrés par l'Américain alors qu'elles étaient mineures, ont réagi pour demander que justice soit faite, malgré la mort du principal concerné. Virginia Roberts Giuffre, une des victimes présumées aux accusations les plus virulentes, a témoigné, au New York Times, se sentir reconnaissante qu'Epstein ne blesserait jamais plus personne. Elle se dit surtout en colère qu'après autant d'années de lutte pour attirer l'attention sur le milliardaire, il n'aura pas à répondre de ses actes. Une autre victime présumée, Alicia Arden, une mannequin qui avait rapporté à la police, en 1997, avoir subi des agressions sexuelles d'Epstein alors qu'il s'était fait passer pour un dénicheur de talents de la marque Victoria's Secret, s'est exprimée : «Jeffrey Epstein s'est ôté la vie parce qu'il était trop lâche pour faire face à la justice et à ses accusatrices.»
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Leurs inquiétudes ont été entendues. Quelques heures après l'annonce de la mort de l'homme d'affaires, le procureur du district sud de New York, Goeffrey Berman, a réagi. Le 8 juillet, lors de l'arrestation d'Epstein à la sortie de son jet privé, il avait déclaré, presque ému : «Le comportement allégué choque la conscience et, bien que la conduite reprochée remonte à plusieurs années, elle revêt toujours une importance capitale pour les nombreuses victimes présumées devenues jeunes femmes. Elles méritent d'être entendues par la justice. Nous sommes fiers de nous battre pour elles en menant cette mise en examen.»
Complicités
Berman n'a pas renié son engagement. Samedi, il a tenté de rassurer : «Pour ces courageuses jeunes femmes qui se sont déjà fait connaître et pour les nombreuses autres qui doivent encore le faire, laissez-moi réitérer que nous restons engagés à vous défendre, et notre enquête sur les actes décrits dans la mise en examen, qui comprennent un chef d'accusation de conspiration, se poursuit.»
Inculpé pour trafic sexuel de dizaines de jeunes filles mineures, Jeffrey Epstein avait plaidé non coupable, et attendait son procès, prévu l'an prochain, depuis début juillet en prison.
«Jeffrey Epstein n'a pas agi, et ne peut avoir fait ce qu'il a fait, seul, d'après David Boies, un avocat new-yorkais représentant des victimes présumées, dont Virginia Roberts Giuffre. La justice voudrait que ceux qui ont agi avec lui soient aussi tenus responsables.»
Une autre avocate, Lisa Bloom, a dit à MSNBC vouloir s’attaquer aux propriétés immobilières d’Epstein pour obtenir des réparations financières pour ses clientes. Elle a demandé aux exécuteurs testamentaires de geler les avoirs du milliardaire et de ne pas commencer à les distribuer aux héritiers.