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Libération
Décryptage

Tourisme : contre la démesure, des mesures mondiales

Dans différents pays, gouvernements et municipalités tentent de remédier aux nuisances du surtourisme.
La fontaine de Trevi, à Rome, en 2017. (Photo Miguel Medina. AFP)
publié le 19 août 2019 à 21h26

Onze morts dans l’ascension de l’Everest depuis le début de l’année ; des militants antitourisme filmés en train de casser les pare-brise et crever les pneus de voitures de location à Majorque : tant d’incidents qui remettent le surtourisme sur le devant de la scène. Cette question est devenue récurrente ces dernières années et de nombreux pays cherchent à le limiter. Trois types de mesures sont mises en place.

Les interdictions

En avril 2018, le président philippin interdisait l'accès à l'île de Boracay aux touristes. Mesurant 10 km2 et peuplée de 30 000 habitants, elle avait reçu en 2017 près de 2 millions de visiteurs. Suite à des images montrant le déversement des égouts dans ses eaux bleues, Rodrigo Duterte avait qualifié le territoire de «fosse d'aisance». Il avait donc décidé de fermer le territoire aux touristes pendant six mois pour «réhabilitation environnementale», avant de le rouvrir petit à petit aux visiteurs.

L'Islande a également interdit l'accès au canyon Fjadrárgljúfur entre mars et juin 2019. Cette gorge d'environ deux kilomètres créée par l'érosion de la fonte d'un glacier était devenue un site incontournable après que Justin Bieber y a tourné le clip d'I'll Show You. En raison des chemins boueux pour y accéder, les 300 000 touristes annuels enjambaient les barrières et dévastaient la végétation.

Les limitations

Souvent pris comme modèle, le Bhoutan impose aux visiteurs de passer par une agence spécialisée pour entrer sur le territoire et demande un forfait journalier de 225 euros par personne. Cette politique a été mise en place afin d’assurer le développement du pays et de protéger son environnement. De même, l’île de Pâques, en Polynésie, est visitée par des dizaines de milliers de touristes tous les ans. Afin de lutter contre la surpopulation de l’île, le gouvernement chilien a décidé en 2018 d’interdire les séjours supérieurs à trente jours pour toutes les personnes n’appartenant pas à la population locale des Rapa Nui. En Inde, les touristes indiens voient leur accès au Taj Mahal restreint. Seuls 40 000 nationaux par jour sont autorisés à visiter le temple, qui peut accueillir en pleine saison près de 70 000 personnes chaque jour. Aucune restriction ne concerne les touristes étrangers.

En 2017, le Pérou avait déjà instauré des quotas de 5 000 visiteurs quotidiens pour la visite du Machu Picchu et limité la durée de l’excursion à quatre heures, après les menaces de déclassement de l’Unesco. Mais le pays est critiqué pour la construction d’un nouvel aéroport à Chinchero, un village historique des alentours. Avec des vols directs depuis Miami et Buenos Aires, le pays espère doubler la fréquentation du site, alors que près de 1,5 million de touristes ont visité la cité inca en 2017.

Les amendes

Face aux comportements irrespectueux, Rome a mis en place des règles de bonne conduite pour ses monuments historiques. Interdiction de manger aux abords des lieux touristiques ou de se promener torse nu. De même pour les baignades dans la fontaine de Trevi ou les pauses assises sur les marches de la Place d’Espagne, passibles d’une amende.

Idem à Amsterdam, où le nombre de jeunes touristes venus profiter des législations libérales néerlandaises a explosé ces dernières années. Pour lutter contre les comportements indécents, la ville a instauré des amendes pour la consommation d'alcool dans les rues (95 euros) ou le jet de détritus (140 euros). La municipalité a même arrêté ses campagnes de publicité touristique et a déplacé le célèbre signe «I Amsterdam» en périphérie du centre-ville.