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Libération

Bolsonaro jette de l’huile sur le feu de l’Amazonie et de l’Argentine

publié le 22 août 2019 à 21h06

Il y a deux choses que le président brésilien, Jair Bolsonaro, ne parvient pas à arrêter : les incendies catastrophiques qui affectent l'Amazonie, et sa logorrhée, déversée sur les réseaux sociaux et lors de rencontres quasi quotidiennes avec la presse. Perdant tout sens de la mesure, il insinuait mercredi que des ONG pourraient être responsables des feux qui ravagent le «poumon de la planète».

Depuis le début de l'année, les feux de forêt ont augmenté de 83 % au Brésil par rapport à la même période de 2018. Une hausse alarmante dans les Etats occupés par la forêt amazonienne, comme celui du Mato Grosso. «Il pourrait s'agir, oui, il pourrait, mais je ne l'affirme pas, d'actions criminelles de ces "ONGéistes" pour attirer l'attention contre ma personne, contre le gouvernement», a affirmé le Président, en fonction depuis le début de l'année, devant des journalistes à Brasília. Sans apporter d'élément pour étayer sa mise en cause des ONG, il a expliqué que celles-ci «ressentent le manque d'argent», après la suspension des financements alloués à la préservation de la forêt amazonienne. «Elles recevaient 40 % des subventions venant de l'étranger. Elles ne les ont plus. On a aussi mis fin aux subventions publiques», a-t-il expliqué. Les feux en Amazonie sont habituellement provoqués par les défrichements à l'aide de brûlis utilisés pour transformer des aires forestières en zones de culture et d'élevage, ou pour nettoyer des zones déjà déforestées.

Prenant des accents de prédicateur évangélique, il a également prophétisé le pire à son voisin l'Argentine, dans le cas où le candidat péroniste de gauche Alberto Fernández remporterait la présidentielle le 26 octobre face au sortant Mauricio Macri. «L'Argentine est chaque jour plus proche du Venezuela», a tweeté Bolsonaro, sans crainte de s'immiscer dans la politique intérieure de son voisin. Les relations sont certes passionnelles entre les deux pays de longue date. Bolsonaro, ultralibéral en économie et d'extrême droite pour les questions de société, a de bonnes relations avec le Chili de Sebastián Piñera, l'Argentine de Mauricio Macri ou les Etats-Unis de Trump. Mais en cas d'élection de Fernández, le Brésil devra bien faire avec, tant les liens sont étroits entre les deux économies.