«C’est un choix choquant de la part de la France que d’inviter le chef de l’Etat égyptien Abdel Fatah al-Sissi au sommet du G7 à Biarritz du 24 au 26 août», estime l’Initiative franco-égyptienne pour les droits et les libertés. Une vingtaine d’ONG françaises et égyptiennes regroupées sous cette étiquette ont lancé jeudi un appel à Emmanuel Macron à la veille du sommet du G7 pour dénoncer la situation des défenseurs des droits humains en Egypte.
En sus de rappeler les détentions arbitraires de militants et de journalistes, des disparitions forcées, du recours à la torture et de la persécution des personnes LGBT, les ONG attirent l'attention sur la situation socio-économique désastreuse de la majorité des Egyptiens. «Le nombre [de personnes] vivant sous le seuil de pauvreté est en nette augmentation, selon les statistiques officielles du pays pour 2018, tandis que la Banque mondiale estime que près de 60% de la population égyptienne est pauvre ou vulnérable en 2019», lit-on dans le communiqué. Or «la lutte contre les inégalités» a été désignée par l'Elysée comme le thème central du G7 de Biarritz.
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Huit pays ont été invités par Emmanuel Macron à participer au sommet des sept Etats les plus riches de la planète. Parmi eux, «quatre partenaires engagés dans la protection et la promotion des libertés démocratiques, qui ont une influence régionale majeure : l'Afrique du Sud, l'Australie, le Chili et l'Inde», indique le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Les quatre autres «partenaires africains» – l'Egypte, le Burkina Faso, le Sénégal et le Rwanda – ont été choisis comme représentants du «continent pour bâtir un partenariat d'égal à égal avec ce continent d'avenir», selon les termes de la diplomatie française.
«Le sommet du G7 légitimera de facto le mépris total par le président Al-Sissi des obligations de l'Egypte en matière de droits humains, si ces abus sont passés sous silence», estiment les ONG. Elles demandent à Emmanuel Macron d'exhorter le président égyptien de permettre aux défenseurs des droits humains de faire leur travail de documentation des violations et de sortir du territoire national pour participer aux mécanismes multilatéraux.
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