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Libération
Justice extraterrestre

La Nasa enquête sur l’éventuel premier délit commis dans l’espace

L’astronaute Anne McClain est accusée d’usurpation d’identité et d’accès irrégulier aux dossiers financiers de son ex-épouse alors qu’elle séjournait dans la Station spatiale internationale (ISS).
L'astronaute américaine Anne McClain à Moscou le 14 novembre 2018. (STR/AFP)
publié le 26 août 2019 à 12h40

Ce pourrait bien être le premier délit commis dans l’espace. Le New York Times a révélé samedi que la Nasa enquête actuellement sur les agissements de l’astronaute Anne McClain, accusée d’usurpation d’identité et d’accès irrégulier aux dossiers financiers de son ex-épouse depuis la Station spatiale internationale (ISS). L’Américaine a séjourné dans l’espace pendant six mois, entre décembre 2018 et juin 2019.

Le quotidien américain raconte ainsi que l’ex-femme de McClain, Summer Worden, une agente de renseignement de l’Air Force américaine, s’interrogeait l’année passée sur les informations dont semblait avoir connaissance son ancienne conjointe. Après avoir sollicité sa banque pour connaître la localisation des dernières connexions à son compte, Worden s’est vue informer que certaines d’entre elles provenaient d’ordinateurs de la Nasa.

McClain, qui devait faire partie de la toute première sortie 100% féminine dans l'espace, a reconnu avoir accédé à ce compte bancaire à bord de l'ISS. Son avocat a affirmé que sa cliente n'avait rien fait de mal, cherchant simplement à surveiller le compte joint du couple, ce qu'elle faisait au cours de leur relation, pour s'assurer que son ex-femme avait assez d'argent pour élever leur enfant. Anne McClain indique avoir continué à utiliser le même mot de passe qu'auparavant, lorsqu'elles étaient encore en couple, sans savoir qu'elle n'en avait plus le droit.

Selon le New York Times, Summer Worden a donc déposé plainte auprès de la Commission fédérale du commerce (FTC), une agence indépendante, ainsi qu'auprès de l'inspection générale de la Nasa. Sur Twitter, Anne McClain a déclaré qu'il n'y avait «absolument rien de vrai dans ces informations». «Nous avons vécu une séparation douloureuse et personnelle qui se retrouve hélas désormais dans les médias. J'apprécie le soutien que l'on m'a apporté et je réserve mes commentaires pour la fin de l'enquête. J'ai une confiance totale dans le processus de l'inspection générale.»

Les enquêteurs de l’agence spatiale américaine ont contacté les deux femmes. Summer Worden a indiqué que la FTC n’avait pas répondu concernant l’usurpation d’identité, mais un enquêteur spécialisé ainsi que l’inspection générale de la Nasa examinent l’accusation, selon le quotidien américain.

Il pourrait donc bien s’agir du premier délit spatial: par le passé, quelques actions de justice ont concerné des faits en lien avec l’espace, mais jamais elles n’avaient impliqué une personne en mission. Ainsi en 2011, raconte le New York Times, la Nasa avait organisé une opération d’infiltration avec pour cible la veuve d’un ingénieur spatial qui tentait de vendre une roche lunaire. En 2017, un homme d’affaires autrichien a poursuivi en justice une entreprise de tourisme spatial afin de récupérer une caution déposée pour un voyage dans l’espace qui ne semblait pas près de se produire. D’après Mark Sundahl, directeur du Centre mondial du droit de l’espace à l’université de Cleveland State interrogé par le quotidien américain, les délits commis dans l’espace sont appelés à se reproduire dans le futur, notamment à cause du développement du tourisme spatial.