Après des mois de heurts, la cheffe de l'exécutif hongkongais, Carrie Lam, a annoncé mercredi le retrait du projet de loi sur l'extradition qui a mis le territoire chinois semi-autonome à feu et à sang. Une brindille d'olivier insuffisante pour éteindre le brasier déclenché par ce projet polémique. Le texte, présenté au printemps, avait déjà été «suspendu» le 15 juin après une mobilisation historique, puis déclaré «mort». Mais jamais Carrie Lam, à qui on attribue la maternité de cette bévue, n'avait complètement cédé. C'est chose faite.
Le texte est désormais officiellement «retiré». Le gouvernement en a décidé ainsi pour lancer le dialogue dans ce Hongkong «devenu pour beaucoup de gens méconnaissable» et placé dans une «situation hautement vulnérable et dangereuse», indiquait dans un message vidéo Carrie Lam. La même qui, quelques heures plus tôt, déclarait devant la presse que ses marges de manœuvre étaient «très, très, très limitées», une manière de suggérer qu'elle était pieds et poings liés aux ordres de Pékin. Mercredi, alors que l'annonce de Carrie Lam n'était encore qu'une rumeur, la Bourse de Hongkong bondissait déjà. Mais sur les réseaux sociaux, une même phrase bruissait, comme un leitmotiv : «Trop peu, trop tard.» La crise a en effet dépassé le strict projet de loi sur l'extradition et fait rejaillir des tensions politiques, économiques et sociales dans une région où les inégalités de richesse sont parmi les plus importantes au monde. La dirigeante à la cote de popularité historiquement basse (17 %) n'a sans doute pas réalisé le fossé infranchissable qui la sépare d'une partie des 7,5 millions d'habitants.
La réponse de Carrie Lam «survient après que 7 vies ont été sacrifiées, plus de 1 200 manifestants arrêtés, dont beaucoup sont maltraités dans les commissariats», commentait sur Twitter le jeune militant Joshua Wong, selon qui «la brutalité policière de plus en plus intense ces dernières semaines a laissé une telle cicatrice dans la société hongkongaise que les gens ne penseront pas qu'il s'agit d'une démarche sincère». La perte de confiance, c'est peut-être le dommage collatéral le plus important du fiasco déclenché par le projet de Carrie Lam. Mercredi, les opposants hongkongais affichaient une détermination intacte.